Même pas encore ouvert, le Village Kawann, à Folle-Anse, affole déjà les réseaux sociaux. En cause : un tourniquet sophistiqué placé à l’entrée de la plage. « Shoking » ! Du Jamais vu. Pas très « Marie-Galante » tout ça. De son côté, le Groupe Hureau Immobilier avance la nécessité de protéger la plage des atteintes des véhicules. Quant au Conservatoire du Littoral, il indique ne pas avoir été mis au courant de l’installation de ce tourniquet.
La plage dite du Kawann, à Grand-Bourg, est une langue de sable gérée par le Conservatoire du Littoral qui est un lieu de ponte privilégié pour les tortues marines et une plage appréciée de certains habitués. Un lieu qui va sans doute gagner en visibilité avec la réouverture du village hôtelier juste en arrière-plage. Le village aura son entrée privative sur la plage, comme c’était le cas du temps de la Cohoba et de l’hôtel Kawann. Seulement voilà, du côté accès public, alors qu’aucun dispositif particulier n’avait été mis en place le long du chemin d’accès par les prédécesseurs du Groupe Hureau Immobilier, depuis une dizaine de jours, un tourniquet a été installé sur la parcelle qui appartient à GHI et qui longe la centrale EDF. Objectivement, ce dispositif fait davantage penser à l’entrée du terminal croisières de Pointe-à-Pitre qu’à une entrée de plage à Marie-Galante. Cela rappelle le tourniquet de la Caravelle (englouti par les eaux depuis) et ceux du Gosier, sur la plage du Marisol, pour les exemples connus de Foufougong. C’est donc une ambiance Riviera qui colle peu avec l’image de Marie-Galante. Beaucoup pourraient y voir le signe d’une sorte de privatisation ou de dépossession de fait du site alors qu’il n’en est absolument rien puisque la plage est publique. Le groupe immobilier qui a récemment racheté le Kawann (voir article ici) explique ses raisons alors que les craintes se font déjà jour. Si ces dernières heures, le Groupe Hureau Immobilier a consenti à installer un portillon juste à côté du tourniquet pour les Personnes à Mobilité Réduite ou encore les secours, cela suffira-t-il alors que la réception des travaux a été faite et que la plage est de nouveau ouverte avec un accès ou plutôt deux qui risquent d’en surprendre plus d’un ?
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La plage brûlée sur 1000m2 à cause des véhicules : le tourniquet pour préserver des atteintes extérieures
« Le choix du tourniquet est délibéré », indique le Groupe qui met en avant la préservation de la plage pour justifier l’installation de ce dispositif « complètement libre d’accès, accessible 24/24 h ». « Mais nous, ce que nous avons décidé, c’est de laisser l’accès à la population mais pas aux voitures. Il n’y a pas de ségrégation. Tout le monde aura accès à la plage. Des places privatives matérialisées par des arceaux ont été réalisées pour les propriétaires qui ont investi dans les bungalows qui se trouvent sur la gauche et tout le reste est complètement libre afin que le public puisse se garer et accéder à la plage à pied », précise Philippe Hureau, de GHI Immobilier. « Quand nous avons repris ce site, et nous avons des photos à l’appui, c’était une vraie décharge, avec des poubelles partout et ça c’est quelque chose qu’on ne veut pas à proximité de notre espace qui va aujourd’hui drainer une grande population touristique. Parce que vous savez bien que dans le prolongement de ce chemin, c‘est un No Man’s Land. Il n’y a plus de végétation. C’est de la terre brûlée sur 1000 m2. L’image de Marie-Galante ne doit pas être liée à une plage ou des abords de plage dégradés par des déchets », précise le groupe.
Une badgeuse sur le tourniquet. Qu’en est-il?
Cet élément a attiré l’attention de tous, ces derniers jours, laissant croire à certains que l’accès du tourniquet serait conditionné à la possession d’un badge. Philippe Hureau affirme qu’il n’en est rien et précise ceci par mail :
« Le choix du tourniquet a été fait par l’entreprise qui a été missionnée pour la réalisation de cette prestation. Il est effectivement très sophistiqué mais ses fonctions vont être uniquement utilisées pour le besoin primaire d’un passage libre 24/24. Seul un appareil de comptage va être rajouté pour mesurer les flux entrée/sortie. L’analyse des résultats et le mode opératoire pourra effectivement évoluer », dit-il sans en préciser davantage. D’ailleurs, le Groupe GHI avait en effet annoncé dans l’article datant de 2021 que l’accès aux voitures serait interdit sur la plage mais aucune mention à un tourniquet n’avait été faite à cette époque. L’une des justifications de l’installation de ce type de dispositif plutôt que d’un autre (barrière en bois, plots, rochers…) tient à l’argument du comptage du flux.
Un portillon à code pour les secours, les PMR et les objets encombrants
Devant les inquiétudes de beaucoup sur l’accès des personnes à mobilité réduite, des secours ou bien encore des personnes munies d’objets encombrants (glacières ou autres), GHI aurait, selon nos sources, assuré à la mairie de Grand-Bourg, lundi 21 mars, un passage libre sur sa parcelle par un portillon positionné juste à côté du tourniquet. Mais le lendemain, ceci a été précisé à Fougougong par le groupe :
« Le rajout du portillon de 1,00m de large n’exclura pas le passage des scooters ou tout autre véhicule à deux roues. C’est pourquoi nous installerons donc sur ce portillon un système de code qui sera communiqué aux usagers (PMR, SAMU ou toute autre autorité). Il y aura un n° de téléphone sur ce portillon afin de communiquer le code pour les accès exceptionnels. Etant hier sur le site pour valider le positionnement de ce tourniquet et valider l’installation d’un portail complémentaire, j’ai pu constater tout l’intérêt de nos installations pour améliorer effectivement la qualité des accès sur l’espace du Conservatoire du Littoral. Les évolutions de nos réflexions et de nos installations sont le fruit des échanges avec nos interlocuteurs », affirme GHI.
Le Conservatoire du Littoral pas au courant
Pourtant, contacté, le Conservatoire du Littoral, l’un des principaux interlocuteurs, en charge de la gestion de la plage, affirme par mail ne pas être au courant de la pose de ce tourniquet et on imagine encore moins de ce portillon à code.
« Le conservatoire du Littoral n’a pas été informé de l’installation de ce tourniquet sur le terrain privé du groupe Hôtelier. Nous n’avons jamais travaillé avec le prestataire sur ce projet. Il faut savoir qu’il existe un texte rendant obligatoire l’accès public à la plage. Aussi, je vous invite à contacter la DEAL sur ce sujet afin d’avoir plus d’informations », nous écrit-on.
Foufougong s’exécute aussitôt et contacte la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement. Une personne en charge de ces questions de littoral précise tout de même que dans les faits, le tourniquet n’empêche pas d’accéder à la plage et que la question aurait été différente s’il s’était agi d’empêcher purement et simplement cet accès. Quant au groupe Hureau, il rappelle : « S’agissant de la servitude d’accès au littoral sur notre propriété, vous devriez savoir que nous n’avons aucune servitude régulière actée sur notre titre de propriété et que les investissements que nous réalisons sont exclusivement dédiés aux bons voisinages et au maintien des usages avec la population. (…) ». Traduction : le groupe met en avant le fait que rien pour l’instant n’est encore écrit officiellement l’obligeant à laisser un accès à la plage. À rappeler tout de même qu’en décembre dernier, lors d’un conseil municipal de Grand-Bourg, l’engagement (qui n’a pas de valeur juridique) d’assurer « un chemin d’accès » a été pris par le groupe et a compté dans l’obtention du permis de construire pour des logements supplémentaires Antillages mais là, aucune notion de pose de tourniquet ne ressortait de la délibération votée à l’unanimité. Actualité à suivre.
