Chaque fois qu’il y a une intervention sur le câble sous-marin électrique qui relie Marie-Galante à Capesterre-Belle-Eau, des coupures peuvent être notées. Ce qui pousse à se demander comment l’île était alimentée avant ce fameux câble qui ne date que des années 1960. Foufougong a mené l’enquête pour faire la lumière (pas pu m’empêcher ;p) sur cette partie de l’histoire, restée dans l’ombre jusqu’ici (promis j’arrête après ce jeu de mots).
Quand des messages d’information sont envoyés suffisamment en avance, on peut entendre des rumeurs dans la population. Tout le monde a l’air très préoccupé du coup je me suis amusée à demander comment on faisait avant. Tout d’abord, il faut rappeler que l’électrification de Marie-Galante date de la fin des années 1960. Suite à une décision du Général de Gaulle HIMSELF sous l’impulsion d’Henri Rinaldo (Président du conseil Général) et d’autres (mais on y reviendra) de mener plusieurs grands travaux à Marie-Galante. Les travaux les plus importants menés sur l’île, de l’ère moderne. Et peut-être de toutes les ères d’ailleurs 4 milliards et demi de francs à l’époque tout de même !! Une somme rondelette débloquée entre 1960 et 1967 pour des travaux qui englobent la rénovation de l’usine de Grand’Anse, les forages entre 70 et 250m de profondeur qui alimentent Marie-Galante en eau (à tel point qu’il n’y a pas à proprement parler de problème d’eau à Marie-Galante complètement indépendante en approvisionnement), le port en eaux profondes de Folle Anse, la ferme de Vidon-le -Robert, et tout plein de décisions pas bêtes du tout, il faut bien l’avouer.
L’ère des réverbères
Mais avant alors pour l’électricité, c’était comment ? J’ai posé la question à Pierre Cafournet, spécialiste de notre histoire. En résumé, Eh bien avant, dans les campagnes il faisait noir kon Aka diab’ et la lumière c’était dans les bourgs. Mais surtout, il y a eu plusieurs périodes. « Celle des réverbères », me dit-il tout d’abord. D’ailleurs, il en reste un ( de réverbère) à l’angle de la rue du Siwo Café (rue de la République) et de la rue Marcel Etzol à Grand-Bourg.
« Là, les agents de la commune passaient le soir pour allumer le réverbère qui fonctionnait au pétrole. Je suis justement allée le voir mardi après-midi ce dernier (?) témoin de cette époque. Il porte encore l’inscription : « Éclairage des villes » à sa base. Il a été un peu étêté et on a eu le bon goût d’y planter un panneau de sens interdit pour qu’il serve au moins à ça apparemment mais mon cher i la toujou ! Contrairement aux autres. Il ne reste plus qu’à lui rajouter la tête et une petite notice explicative et à lui enlever ce satané panneau d’interdiction et ce sera déjà ça.
L’ère des moteurs diesel vers la fin des années 1950 jusqu’à l’arrivée de la fée électricité fin années 1960
Le moteur diesel de Grand-Bourg se trouvait non loin de chez le menuisier Cimber, juste avant, à l’endroit même où a été érigée la maison sur plusieurs étages juste après le Carrefour de l’Etoile. « M. Christian Selbonne était chef de centre. Il est mort mais il y a toujours M. Fabulas qui vient de fêter ses 101 ans qui y a travaillé », raconte Pierre Cafournet. Avec ce système, il y avait de l’électricité seulement quelques heures dans la journée : entre 6 et 8h, 12h et 14h et entre 18h et 22h (jiss’ té ni limiè ta dis donc) Alors sans électricité, il y avait différents types de lampes dont certaines vous laissaient de la suie dans les narines au lever…les lampes à bobèche faites avec des pots de lait Nestlé, Les plus aisés avaient des frigidaires à pétrole. Il y avait aussi des fers à repasser au kérosène … Un kérosène qu’on envoyait quérir par les enfants.
Lampe tempête, la fameuse La lampe bobèche (fonds habitation Murat)
Remerciements à M. Pierre Cafournet qui m’a reçue pour me parler des temps où il n’y avait pas de câble EDF. Un immense merci aussi à la famille de M. Fabulas qui m’a contactée suite à ce post Facebook.