Ce lundi 14 novembre, à Saint-Louis, la nouvelle n’avait pas encore essaimé totalement mais les quelques personnes au courant le jour-même de la découverte étaient éberluées de cette information : une femme retrouvée morte chez elle sans doute depuis plus de trois ans. Elle s’appelait Constance L. surnommée Bertina. Elle habitait une petite maison dans ce quartier de Fadat, dans le secteur de Les Bas, une zone reculée de Saint-Louis entre Vieux-Fort et Grand-Bassin. Et pourtant, dans cette commune qui ne compte même pas 3000 âmes, il est difficile d’imaginer que quelqu’un ait pu mourir à son domicile sans que quiconque ne se soit inquiété. Récit d’une découverte qui en dit long sur les temps que nous traversons.
Isolement et fâcheries
Juste avant de remonter vers Mayolette, il faut prendre un petit chemin de pierres et de tuf. Alors que des voitures passent à 50mètres, la maison en dur, elle, est reculée encerclée de hautes herbes qui l’isolent encore plus. Ce sont des ossements que les gendarmes, accompagnés de son fils, ont retrouvés ce lundi matin. Signe des temps, quelques membres de sa famille habitent à quelques centaines de mètres mais ils auraient cru à un départ précipité, nous a-t-on rapporté. Christian, son fils, a accepté de témoigner. Il n’a jamais eu de contacts avec cette femme qu’il n’appelait pas maman. Il avait été placé dès l’âge de 11 mois chez sa grand-mère paternelle et depuis elle n’avait pas cherché à le voir. Même à l’âge de 18 ans, quand il avait fait un accident de la route et était resté un temps dans le coma, hospitalisé, il n’avait pas vu cette mère le visiter. C’est donc le cœur gros qu’il avait choisi de partir dans l’hexagone, d’y faire sa vie et sa carrière avant de rentrer en Guadeloupe. Il y a 30 ans, il avait fait la démarche de venir la rencontrer mais aucun lien ne s’était créé. Pourtant, il avait su que sa mère parlait de son fils à des inconnus –il nous l’a confié avec émotion- mais en réalité, ils ne se parlaient jamais. Christian a accepté de nous emmener sur les lieux de cette découverte. Il s’est souvenu de la première et l’une des seules fois où il l’avait rencontrée.
Il la recherche depuis un mois
Or, depuis un mois, à la faveur d’une visite à Marie-Galante à l’occasion de l’enterrement d’un cousin, Christian a eu une pensée pour cette mère étrangère à sa vie et est venu voir la maison où elle réside. « Je suis allé voir la belle-sœur parce que je crois qu’elle ne s’entendait pas avec son frère et elle m’a dit que cela fait quatre ans qu’ils ne l’avaient pas vue et qu’ils ont cru que j’étais venu la chercher pour l’emmener dans l’hexagone. Bien évidemment, si j’avais fait cela, je les en aurais informé », confie Christian. Dès lors, on commence à s’inquiéter et il cherchait à faire ouvrir la maison mais ce n’est que lundi 14 novembre que deux gendarmes ont accepté de venir pour ouvrir le logement. La découverte les frappe dès l’ouverture des portes. Des ossements gisent. Il y a sur place des courriers, sa pièce d’identité. Ecoutez Christian
Des analyses ADN devront être menées sur les ossements afin de confirmer qu’il s’agit bien de Constance L. Selon nos premières informations, la pension de l’octogénaire était encore versée. Une tierce personne désignée comme étant la personne de référence reste à retrouver afin de comprendre comment Constance a pu décéder de la sorte dans l’indifférence. Le 12 décembre prochain, elle aurait fêté ses 86 ans.