C’est le site d’occupation le plus ancien de toutes les Petites Antilles. Près de 140 gravures y sont présentes. À Capesterre de Marie-Galante, cette grotte est un trésor, jusqu’ici caché par la végétation. Sans doute depuis les fêtes de la Toussaint, elle a été la cible de dégradations importantes sur fond de rites religieux.
il y a là tous les éléments d’un nouveau roman de Solibo Magnifique. Une ambiance à la Chamoiseau cette fois sur les flancs d’un morne non loin de Capharnaüm, dans le secteur des Galets, une zone reculée à l’extrême Est de Marie-Galante. Un lieu jadis secret aujourd’hui profané ou du moins vandalisé. Les faits remontent sans doute à la Toussaint. Toute une zone de végétation a été ratiboisée, une affiche de Mano Poderosa, la main toute-puissante de Dieu en français, présentant un stigmate a été accrochée à la grille de la cavité. Cette représentation est un symbole fort du christianisme (Pour en savoir plus). Le dessin d’une croix rouge sur fond de peinture blanche orne le fronton de la grotte badigeonnée à l’extérieur. Des bougies ont été posées à l’intérieur à travers la grille avec des allumettes laissant couler de la cire à proximité de gravures vieilles de plusieurs milliers d’années. Avec les balais de jardinage, les bouteilles, de la végétation décorative plantée devant l’entrée interdite, tout laisse à croire à des allées et venues fréquentes sur le site. Une tentative de sacralisation d’un lieu de culte régulier en création.
Alerte donnée après un signalement effectué par Foufougong
C’est durant la Toussaint que nous avons été alertés de ces faits par une source scandalisée d’avoir découvert ces dégradations. Il faut savoir que la Grotte Rita avait été soigneusement cachée dans la végétation. De faux chemins ouverts dans le massif de raisiniers débouchaient sur des impasses et il fallait vraiment insister pour en trouver la route, seule connue des initiés. Mais ça c’était avant.
Ce jeudi 17 novembre, Célestin Bait, un policier municipal de Capesterre, accompagne deux fonctionnaires de la Direction des Affaires Culturelles, dépêchés sur place pour venir constater les dégâts et déposer plainte en gendarmerie. La grotte est désormais exposée au soleil, aux embrunts. Jean-François Modat, le conservateur régional de l’Archéologie constate : « il y a des offrandes, comme des bougies dans les failles de la roche à l’extérieur et dans l’une des bougies, il y a des prénoms. Même apposer des affiches, c’est une infraction. Ça peut aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et de fortes amendes», précise le conservateur qui rappelle que le site qui appartient à l’Office National des Forêts est classé au titre des monuments historiques depuis 1983. «Dans un rayon de 500 mètres, on ne doit rien toucher sans le signaler aux services de l’Etat ».
Visiblement, les personnes qui ont comme pris possession n’en ont que faire.
Venu en juin, Cyril Goutte, en charge de la conservation des Monuments Historiques à la DRAC, remarque qu’il y a eu des coupes franches sur les raisiniers: « Je peux vous dire que d’ici, on ne voyait pas la mer », avant de continuer son intervention sur le défrichage qui a eu lieu et qui favorise l’entrée de la lumière dans la grotte, favorisant le développement de mousses qui menacent les gravures. « Le développement naturel des lichens est peut-être déjà en route », prévient Cyril Goutte. « Il faudra sans doute replanter des raisiniers qui vont protéger de la lumière tout en mettant en valeur le site », se projette Jean-François Modat avant de pénétrer dans la grotte. Procédure qu’ils sont les seuls à pouvoir faire.
Une visite exceptionnelle à l’intérieur pour contrôler l’état de la grotte
C’est donc dans cette cavité sous la montagne de Capharnaüm que l’on pénètre. Les gravures sont évidentes. La dernière fois que ce type de dégradations a eu lieu ici c’était en 2000. C’était à l’intérieur même du site. Une plainte avait été déposée mais aucune suite n’a été donnée à ce jour. « Il y avait eu construction d’un autel, à l’époque il n’y avait pas de barrière», se souvient Cyril Goutte. Depuis l’autel a été démoli et l’entrée interdite matérialisée par une grille en inox et un cadenas imposant. Cette fois, ceux qui ont dégradé le site n’ont pas pénétré dans la grotte ainsi protégée.
« C’est le plus ancien site d’occupation des Petites Antilles et c’est à Marie-Galante dit fièrement Jean-François Modat. En effet, les premières preuves d’occupation remontent à 5000 ans, rappelle-t-il. «Sur les parois, notamment des blocs effondrés de la voûte, il y a 140 représentations gravées anthropomorphes », dit le fonctionnaire avec précision. Fin janvier-début février, une réunion sera initiée avec l’ONF (Office National des Forêts), propriétaire du site, et la mairie, afin de valoriser le site avec un panneau qui indiquera sa valeur archéologique. Jusqu’à présent, de nombreux Marie-Galantais ignorent sa localisation exacte. Une surveillance accrue du site a été demandée à la police municipale et un nouveau cadenas apposé. Sa valorisation pourra peut-être permettre qu’on puisse la connaître mieux et ainsi mieux la protéger.
Pourquoi on a titré sur la profanation? Nous aurions également pu titrer sur l’acte de vandalisme. Mais cela va au-delà de cela car tout d’abord, la profanation au sens large c’est l’action de dégrader et d’avilir ce qui est précieux. En outre, la grotte a également eu une fonction sépulcrale pour les populations amérindiennes qui l’ont occupée. Néanmoins, certaines remarques se font jour pour rappeler que ces pratiques ont toujours existé jusqu’au jour où la grotte a été fermée. Elle devait être rendue à la population mais vingt ans plus tard, elle reste interdite.
Foufougong est une banque d’images spécialisée sur Marie-Galante
Ce sujet est disponible en VIDéO pour les médias : Interviews, ambiance, plans de situation.
Les reportages doivent absolument préciser la source en synthé « Images Foufougong » au début du reportage et dans
les lancements : « Images fournies par Foufougong », agence spécialisée sur l’actualité de Marie-Galante.
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