Le directeur de l’usine de Grand-Anse, Stéphane Deniaud, assure que la récolte va commencer mardi 18 avril avec une ouverture des balances lundi et qu’un accord a été trouvé avec les opérateurs dits agréés. Pour leur part, les opérateurs en question nient tout accord et se disent toujours désespérément dans l’attente « d’argent frais » pour démarrer la campagne. On fait le point.
La récolte cannière devait démarrer le 13 avril à Marie-Galante mais contrairement à la Guadeloupe continentale où un accord a été trouvé sur la convention cannes 2023-2028, un conflit propre à la filière marie-galantaise continue de perturber la rentrée cannière : les opérateurs dits agréés, avec en toile de fond la situation financière très compliquée de la Cuma le Progrès.
Le directeur de l’usine est pourtant catégorique : « Le démarrage de la campagne prévu initialement jeudi (13 avril) est reporté à mardi prochain », indique Stéphane Deniaud dans un message envoyé mardi 11 avril. Contacté par téléphone, Stéphane Deniaud nous précise même qu’un accord a été trouvé avec les opérateurs dits agréés (au nombre de 7, ndlr) qui seront désormais les seuls à livrer les cannes pour autrui. Les opérateurs dits non-agréés qui sont sur le quota usine (c’est le cas de la structure de la distillerie de Bellevue par exemple) n’auront le droit que de livrer leurs cannes et non pour les autres », nous détaille-t-il mais c’est un autre son de cloche chez les opérateurs agréés contactés.
« Il n’y a pas d’accord. Nous n’avons pas bougé d’un iota »
Contacté par téléphone, mardi 11 avril, Fabien Abisur martèle qu’aucun accord n’a été trouvé. La position du Président de la Cuma le Progrès, principal opérateur de l’île, et porte-parole des opérateurs agréés, n’a pas bougé ces derniers mois. S’il confirme que les opérateurs dits agréés seront les seuls acceptés à transporter les cannes pour autrui, il nie tout accord puisque « s’il n’y a pas d’argent frais qui rentre, on ne peut pas prendre pas le départ ». Une ligne avec laquelle les six autres opérateurs dits agréés sont annoncés comme solidaires. « Aucun chargement de notre part ne rentrera à l’usine », dit-il avec force. Les opérateurs agréés se disent concurrencés de façon déloyale par les non- agréés depuis plusieurs années en utilisant le quota usine. Résultat : ils dénoncent des pertes de parts de marché et donc d’activité mais pas seulement. Pour rappel, les opérateurs réclament le versement de sommes importantes : 562 890 euros demandés au titre des grosses réparations à faire sur les machines. Les opérateurs demandent également une aide remboursable sur trois ans à hauteur de 47 500 euros afin de financer leur mise à jour administrative. Ils estiment avoir cumulé un manque à gagner de 515 515 euros depuis 2015 à cause des nombreuses défaillances de l’usine. Cet élément ne serait pas bloquant quant à cette campagne. Toutes ces demandes auraient été refusées par l’Iguacanne (interprofession de la canne) sollicitée.
La Cuma le Progrès en cessation de paiement à cause des pertes de 2021?
Fabien Abisur confirme également une information qui circule depuis quelques jours : la Cuma est en cessation de paiement. La société civile coopérative basée à Capesterre, qui existe depuis 24 ans et qui œuvre dans les activités de soutien aux cultures, est en grande difficulté financière, plus grave encore que la situation que peuvent connaître les autres opérateurs agréés. « Nous avions fait 1 Million d’euros d’investissements en 2020 et en 2021, l’usine craque donc depuis nous avons du mal à rembourser nos crédits car nous n’avons pas transporté autant de cannes que prévu. Nous avons près de 80 000 euros de dettes auprès du Crédit Agricole. Tant que ce n’est pas comblé, on ne pourra rien faire ». Le Président de la Cuma rappelle que les défaillances techniques de l’usine – et notamment le problème de chaudière en 2021 – ne sont pas du fait des opérateurs. Une situation très difficile pour cet acteur historique qui cache celle de nombreux planteurs qui eux attendent que leurs cannes puissent être transportées pendant que la richesse est encore bonne. Quant à l’usine, elle a également besoin d’un démarrage de la campagne au plus vite, car l’activité « sucre » représente le versement de subventions à défaut de représenter la majeure partie du chiffre d’affaires de la sucrerie-rhumerie, qui est pour sa part réalisée par le rhum, selon nos informations. Affaire à suivre.