La consultation publique sur ce projet porté par la société FPRB* (filiale de la SGTE) présidée par José Pirbakas a commencé discrètement depuis le 28 août et est en cours jusqu’au 25 septembre mais la centrale, elle, est déjà en partie montée (juillet-août)avant même la décision préfectorale. La Socofa, un grossiste alimentaire accolé à la centrale, dénonce le manque d’information et s’oppose à cette centrale.
Dans le microcosme du BTP Marie-Galantais, certains sont favorables à l’arrivée d’un concurrent à la Sogetra mettant en avant des coûts moindres sur les enrobés sur l’île. Sur le dossier FPRB pour société de Fabrication et de Pose de Revêtements Bitumeux, certains sont totalement conquis : « Ce sera bon pour le développement de Marie-Galante, pour les emplois », nous a confié un chef d’entreprise. D’ailleurs, dans les documents de présentation, il est stipulé, que cette centrale se réalise dans le cadre de la réfection des infrastructures routières de Marie-Galante (routes communales, routes départementales et routes nationales). La centrale est déjà en place à cheval sur deux parcelles (070 et 095 section AB de la ville de Grand-Bourg) appartenant au Grand Port Maritime de Guadeloupe. Cette unité d’enrobage devrait produire 200 tonnes par jour soit 60 000 tonnes par an avec les rejets atmosphériques qui vont avec (voir encadré).
Il existe déjà une centrale sur le site de Folle-Anse (Sogetra), située juste à côté du silo à sucre mais la localisation de cette deuxième unité semble d’avantage inquiéter certains observateurs. « Le vent oriente les fumées de la Sogetra vers la mer mais dans le cas de cette nouvelle unité de production, entre ses locaux et la mer, il y a la Socofa en plein sur le chemin », indique-t-on. Un fait qui n’a pas semblé sauter aux yeux des auteurs du dossier de présentation. Il est ainsi écrit « qu’il n’y a pas d’ERP (d’établissement recevant du public) à moins de 100 mètres ». Par ailleurs, il est précisé qu’à plus de 400 mètres, le village Kawann est fermé, « en attente de reprise d ‘activité ». Or à l‘époque de la remise du dossier (novembre 2022), la structure de loisirs était déjà en travaux, fermée au public certes mais en activité en interne. Le Village Kawann est aujourd’hui ouvert au public. Nouvel élément qui n’a pas été ajouté au dossier.
Franck Bastaraud, gérant de La SOCOFA,
« On a vu des allers et venues ces dernières semaines mais on ne savait rien de ce qu’il se passait »
Les fenêtres ouvertes au fond du bâtiment donnent directement sur la centrale.
Un dossier « retrouvé » pour nous en mairie, affichages sur site inexistants
Mardi 19 septembre, quand nous nous sommes rendus en mairie, le dossier n’était pas en vue et accessible librement à toute personne voulant participer à la consultation en cours ou même toute personne de passage qui aurait appris sur place l’existence de la procédure. Le personnel alors présent n’était pas au courant de l’existence même de la consultation. Après le retour en mairie d’un personnel qui a alors cherché le dossier de plus de 300 pages dans ses documents, il a été finalement consultable. Il le sera désormais aux horaires d’ouverture de la mairie de Grand-Bourg 8H-17H lundi, mardi et jeudi et 8h-14H30 mercredi et jeudi.
FIN DE L’ENQUÊTE LUNDI 25 Septembre
Aucun affichage constaté sur le site
Sur le site FPRB, lors de notre passage mardi 19 septembre, aucun affichage indiquant la consultation en cours n’était en place contrairement à ce qu’exige la loi.
Le manque d’information est criant même si les publications des documents officiels dans les annonces légales de la presse papier et l’affichage en mairie de l’arrêté et de l’avis ont été observés. Le minimum légal en somme. Encore que, selon l’arrêté du 4 août, « cet avis devrait aussi aussi être affiché dans tous les lieux publics de la commune ».
La Préfecture, contactée, n’a pas répondu pour le moment.
Nous avons également tenté de joindre Maryse Etzol, le maire de Grand-Bourg qui n’a pas donné suite pour le moment.
Absence d’affichage sur le site : Isabelle Pirbakas, directrice d’exploitation, parle de « vandalisme »
« Fin Juillet, j’ai procédé à la pose de l’avis », commence Isabelle Pirbakas. S’ils étaient affichés, on peut se demander par qui, quand et pourquoi ont-ils été enlevés ?
Dans un premier temps, la directrice d’exploitation contactée par téléphone, affirme que les employés du site avaient apposé les documents sur un support qui a dû être enlevé et qu’ils avaient omis de remettre les documents par la suite. Plus tard dans la conversation, la directrice d’exploitation explique que si les documents ne sont pas sur le site, c’est parce qu’il y a du « vandalisme à Marie-Galante quand les gens veulent s’installer ». Interrogée sur le fait que les installations ont été faites même sans attendre l’autorisation préfectorale ni même la fin de la consultation du public, Isabelle Pirbakas rétorque : « La centrale ne fonctionne pas. Je ne produis pas d’enrobés. Je n’ai rien encore fait et j’attends la fin de ma consultation. J’ai posé mon matériel. Ca ne veut pas dire que je vais produire. Je peux aussi stocker sur le site ». Quant à savoir si la société FPRB dispose de l’autorisation d’installation du Grand Port Maritime, propriétaire des parcelles, la directrice répond par la positive. Sollicité, le Grand Port Maritime n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.
Le dossier, l’avis et l’arrêté sont disponibles en ligne sur le site de la Préfecture de Guadeloupe.
C’est quoi une centrale d’enrobage à chaud ?
C’est une unité industrielle fixe ou semi-mobile où l’on produit de l’enrobé pour les routes, les pistes d’aéroports et autres aires de circulation. Ces installations classées font régulièrement l’objet d’articles de presse sur les rejets atmosphériques et les menaces sur les nappes phréatiques qu’elles font peser. Aujourd’hui, près de 400 centrales fixes et 100 mobiles sont réparties sur le territoire national. Il s’agit de sécher et chauffer les granulats et les mélanger avec du filler et du bitume. Dans ce joyeux mélange, Le tout produit des poussières et une pollution de l’air : dioxyde de soufre (un gaz incolore, dense et toxique, dont l’inhalation est fortement irritante), Oxyde d’azote, Monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone. Le séchage des agrégats produit une quantité de poussières. En fonctionnement, la centrale rejettera moins de 50 mg/Nm3 est-il indiqué dans le document. La centrale de FPRB disposera d’une chaudière fonctionnant au fioul lourd. Les fumées de la chaudière constitueront l’essentiel des rejets atmosphériques. Sans compter « les poussières soulevées par la manutention des matériaux et la circulation des camions ». « La cheminée de la chaudière aura une hauteur minimale de 8 m. Elle sera donc conforme à la hauteur minimale recommandée par la réglementation », est-il indiqué.