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Chaudière de l’usine de Grande-Anse: rapport du BEA, responsabilités, assurances…

Chaudière de l’usine de Grande-Anse: rapport du BEA, responsabilités, assurances…

Ça y est! La chaudière est en train de chauffer. C’est l’occasion de revenir sur les causes de l’accident industriel du 14 avril 2021, à Grande-Anse. Et ce, grâce au rapport du BEA-RI, le Bureau Enquête Accidents et Risques Industriels. Ce rapport qui avait été demandé par la CCMG est daté d’août 2021.  Pourtant, il était resté sous les radars ces derniers mois. Il décrit une longue chaîne d’événements qui ont mené à ce que le BEA nomme « l’Explosion de la chaudière de la sucrerie ». Depuis, de nombreux changements sont intervenus, y compris le départ de l’ancien directeur technique.

En ce moment, l’usine se prépare. La chaudière a été réveillée d’un long sommeil après un deuxième lifting en deux ans à coup de plusieurs millions d’euros de travaux (voir « L’usine fait son Grand retour » sur les travaux engagés, en date du 5février 2021). Depuis samedi, telle une cheminée, c’est au bois qu’elle est en train de monter doucement en température, en attendant mardi prochain d’être chargée en bagasse puis de débuter la campagne jeudi 31 mars. Visite en compagnie de Stéphane Deniaud, le Directeur Général de la Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante, depuis le mois de juin 2021 en remplacement de Michel Claverie.

Mais toutes les précautions ont-elles été prises pour éviter un bis-répétita ? C’est l’occasion de faire le point sur les ratages phénoménaux constatés l’an dernier notamment par les experts du BEA-RI. Ce rapport n’avait pas pour mission de désigner de responsables mais il met en exergue aussi bien des dysfonctionnements techniques, d’encadrement, de contrôle, de gestion des ressources humaines qui ont fini par mettre en danger la structure. Alors que la thèse d’un sabotage avait germé dans les esprits, des manquements de l’encadrement évoqués, qu’en est-il précisément?

Le déroulé du 14 avril 2021 : un scénario à la « Destination Finale »

La série de films catastrophe des années 2000 pourrait aisément s’inspirer de ce qu’il s’est passé à l’usine lors du démarrage d’avril 2021. Dans le rapport de 25 pages, c’est une liste longue comme le bras d’événements en chaîne qui explique l’incident de surchauffe avec une chaudière chauffée à blanc, sans eau à l’intérieur pendant des heures, à près de 950 degrés. À cette température, l’acier a déjà perdu sa perlite (l’un de ses composants structurels) depuis un bon moment. Les tubes changés quelques mois plus tôt se sont pliés comme des bougies. Presqu’un million d’euros partis en fumée. Le ballon supérieur s’est fissuré et il y a eu une perte d’étanchéité. Un court apport d’eau dans une chaudière vide a fini de détruire la structure métallurgique des tubes, déjà bien abimés.

Alors comment est-ce possible ? Le jour de l’événement, toute une série de manquements ont été notés. Certains capteurs ne fonctionnaient pas notamment ceux permettant de contrôler la température des fumées. Pour le niveau de l’eau, ce sont des sécurités par flotteurs qui servent d’alarme. Selon des experts, ils sont connus pour être peu fiables et en temps normal, il est nécessaire de les doubler d’un autre système. Mais l’un des problèmes les plus inquiétants est sans doute lié au dispositif de supervision qui était hors d’état de fonctionnement. Le lien avec les capteurs était HS. On se rappelle de ce témoignage d’un employé à peine une semaine après l’accident. L’écran de supervision de la BR2 était éteint, nous avait-il confié . « C’est la première fois que je vois qu’on démarre une campagne sans cet écran », avait-il affirmé à Foufougong.

Il est également noté que « les enquêteurs n’ont pas trouvé de trace de formations suivies par les conducteurs (de chaudières, ndlr) depuis ces dix dernières années » (page 18 du rapport). « Un manque de formation qui a semble-t-il retardé le moment du bon diagnostic », est-il précisé. Un problème de communication est également noté puisqu’entre autres recommandations, le rapport en arrive à devoir faire des préconisations basiques : la mise en place d’un cahier de quart permettant de tracer les consignes, les principales opérations de conduite de la chaudière, les tests effectués et les informations à échanger entre membres d’équipes qui se relaient. En mission, en mai, les experts du BEA n’en avaient pas trouvé trace écrite. Bref, la liste est longue. La chaudière était comme un avion piloté à l’aveugle, en manuel, avec un carnet de bord vide, en pleine zone de turbulences. À vrai dire, même les scénaristes d’Hollywood n’auraient pas osé écrire un tel script.

Le rapport du BEA-RI est accessible ici :

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Le directeur technique remercié

Selon Stéphane Deniaud, toute thèse d’acte volontaire a été écartée. Néanmoins, il faut bien un responsable au vu de tous les manquements.  Le directeur technique, M. Boimond, a été remercié il y a plusieurs mois. « Quand il n’y a pas eu de contrôle depuis dix ans, qu’il y a des soucis relationnels avec les équipes, avec le personnel, à un moment il faut assumer », confie une source proche du dossier. Son remplaçant est arrivé récemment.  À préciser que même si Foufougong a fait des demandes afin de consulter le rapport des assurances, nous n’avons pas eu accès à ce document. Il a toutefois été reconfirmé ce jeudi 24 mars qu’un versement d’1,8 Million d’euros a été fait à l’usine par l’assureur. C’est donc que les critères de prise en charge par l’assurance ont été considérés comme remplis. En attendant, sans rapport avec l’accident,  l’ancien président du CA de la SRMG (Athanase Coquin) et l’ancien directeur (Michel Claverie) sont partis à la retraite, ayant atteint l’âge requis. C’est donc une nouvelle équipe qui est en place (M. Nagau – S. Deniaud) depuis plusieurs mois et qui a piloté les travaux de l’intersaison. À souligner que contrairement à Michel Claverie, Stéphane Deniaud est basé à Marie-Galante.

Selon la SRMG, toutes les recommandations du BEA-RI ont été prises en compte

Dans un courrier signé par le directeur général de la SRMG et daté du 22 septembre 2021, il est précisé que toutes les recommandations ont été « prises en compte ». Tout a été remplacé : l’ensemble du contrôle commande, les capteurs, les équipements de sécurité. Des formations des conducteurs de chaudière avec validations des compétences sont annoncées dans ce courrier. Enfin, la procédure de démarrage qui est prévue doit se dérouler sous l’autorité du directeur d’usine, en la présence cette année du fournisseur des équipements de contrôle. « L’organisme d’habilitation sera également présent pendant toute la phase de démarrage et les premières heures de production », est-il également noté. Le courrier de la SRMG en réponse au rapport du BEA est disponible ici.

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Cette année, une chose est sûre, le démarrage de l’usine sera l’un des plus surveillés, épiés, attendus, de son histoire.

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    • Bonjour. Avec plaisir. C’est amusant parce que cet événement a été qualifié d' »incident » à de nombreuses reprises. Le débat était également ouvert sur le fait qu’on doive le qualifier d' »accident », ne sachant pas s’il y avait eu sabotage ou non. Donc maintenant que toute volonté délibérée de détruire la chaudière a été écartée mais qu’on en connaît précisément les causes qui sont une suite ininterrompue de manquements et de négligences qui ont eu des répercussions financières graves, et que le BEA lui-même titre « Explosion de la chaudière de Grand-Anse », je crois que le mot « incident » qui signifie « événement de caractère secondaire généralement fâcheux » tend à minorer l’événement. C’est véritablement un accident puisque ce n’était pas volontaire mais ce qui s’est passé est un événement grave aussi bien sur le plan économique qu’industriel.
      Bien à vous,

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