Corinne WELLONG,
De Maria Rambeau à Madam C.J. Walker, en versions françaises please : la voix royale !!
Dans le monde du doublage, le cv de la comédienne d’origine italo-camerounaise est déjà bien rempli en à peine trois ans dont un an et demi d’activité plus intense. Dans Ralph 2.0, son tout premier Disney, elle double Yessss, l’algorithme tout bleu qui envoie des ❤️ ❤️❤️…et qui lui sont restés comme des gimmicks quand on l’interviewe.
Corinne Wellong, c’est aussi la voix française de Maria Rambeau, la scientifique et meilleure amie de Captain Marvel, l’un des blockbusters de 2019,
celle de Cardi B dans le film « Queen » avec Jennifer Lopez et puisque décidément les titres de reine ne la lâchent pas, on la retrouve à doubler Jodie Turner -Smith dans le long-métrage « Queen and Slim » qu’on a pu voir récemment sur nos écrans de ciné.
ET LA GROSSE INFO !
C’est elle la voix française du produit tout frais signé NETFLIX « SELF MADE ». Avec Octavia Spencer en premier rôle, le NOUVEAU BIOPIC DE NETFLIX raconte l’histoire de Madam CJ Walker et de son ascension de l’échelle sociale en devenant rien de moins que la première femme millionnaire des Etats-Unis. Le tout en se lançant dans les cosmétiques pour cheveux crépus à la fin du XIXè siècle.
La série disponible à partir de ce vendredi 20 mars sur NETFLIX est produite entre autres par LeBron James.
L'ITW
FOUFOUGONG : Tout d’abord, tes sensations sur le fait de doubler Octavia Spencer dans cette mini-série événement?
CORINNE WELLONG : C’était un exercice assez incroyable de doubler Octavia Spencer dans un premier temps. C’était un vrai challenge. C’est une comédienne qui a énormément de talent, beaucoup d’expérience. Quand j’ai passé les essais, j’y allais sans trop y croire en me disant que c’était impossible que ce soit moi qui soit prise. À ma grande surprise, je suis prise. À partir de là, je comprends l’enjeu du produit que je vais devoir doubler et là c’était un peu comme si t’avais la sensation de porter une infime partie de l’histoire sur ton dos. Quand tu prêtes ta voix à une comédienne pour un rôle avec une histoire telle que celle-ci : la première femme millionnaire aux Etats-Unis, qui est née deux ans après la fin de l’esclavage dans le pays. Tu te dis que c’est assez impressionnant. Elle m’impressionnait à la fois par son charisme et je travaillais énormément avec mes propres émotions pour essayer de ressortir ce qu’elle ressentait et c’est drôle parce que je traversais une période assez compliquée. Et derrière tout ça, j’essayais de me dire que c’est le parcours que j’espère pour toutes les femmes noires que je connais. Et ces femmes noires dont on dénigre les cheveux, elle leur parle, elle prend la parole, elle dit mais « arrêtez, on vous a longtemps dénigré mais aujourd’hui, la femme est capable de faire des choses d’elle-même ». J’ai vraiment pris ça en essayant d’y mettre la ferveur qu’y mettait Octavia Spencer en empruntant aussi à mon histoire pour prêter ma voix à cette comédienne. J’ai pleuré à énormément de moments, j’ai été en colère, frustrée et en même temps impressionnée. La vie de cette femme c’est un exemple pour énormément de femmes noires encore aujourd’hui. J’en retiens un souvenir d’une superbe expérience. C’est l’une des plus belles séries que j’aie pu doubler.
FOUFOUGONG : Depuis l’arrivée de ces plateformes de streaming, est-ce qu’il y a plus de travail, plus d’opportunités?
CORINNE WELLONG : Alors oui, il y a beaucoup plus de travail. Cela se ressent sur les temps de travail qui sont raccourcis. C’est plus intense. Et ce qui est bien c’est qu’il y a de plus en plus de rôles sur lesquels les directeurs artistiques préfèrent mettre des noirs sur des noirs. Ca peut paraître étrange de dire ça mais ça se fait encore. Avant, c’était tout à fait normal que ce soit des blancs qui fassent des voix de noirs. Mais il y a de plus en plus de directeurs artistiques qui demandent dans leurs castings, en fonction des comédiens, si c’est possible que les noirs soient doublés par des noirs. Moi en l’occurrence, je double énormément de comédiennes noires. Ca nous permet d’avoir du travail étant donné que l’inverse ne se fait pas trop. Il m’est arrivée une anecdote récemment. Je doublais des téléfilms de Noël pour TF1. J’en ai fait trois ou quatre et il y avait des comédiens noirs Américains en premiers rôles et je me suis entendue demander à la directrice artistique à quelle heure ça allait être diffusé. En me disant que ce n’était pas possible que TF1 demande des films avec des noirs et en fait si. C’est fou que ça nous sorte de notre quotidien mais pourtant, c’est bel et bien là.
FOUFOUGONG : Et justement, on imagine que ça crée une émulation…
Alors oui bien sûr parce que dans les cinémas anglais et américain, contrairement au cinéma français, il y a énormément de premiers rôles ou d’acteurs secondaires ou de protagonistes importants qui sont noirs: avocats, médecins et c’est tout-à-fait normal en fait, chose qu’on ne retrouve pas dans le cinéma français. Quand on joue ces personnages, on n’est pas dans des clichés. Je peux aussi bien doubler une policière, une infirmière, une prostituée, une mère de famille, une femme indépendante. J’ai vraiment de tout. Et j’ai la possibilité d’être un milliard de personnes.
FOUFOUGONG : Comment est-ce que tu as vraiment commencé à percer dans ce métier ?
C’était il y a un an et demi. Il faut savoir qu’il y a des paliers quand on fait du doublage. On commence par faire des ambiances, on n’est pas tout de suite sur des grands rôles. Et donc je faisais des ambiances (les bruits de foule qu’on entend dans les lieux publics, les restaurants, les hôpitaux…) avec un grand directeur artistique, José Luccioni,
qui fait la voix d’Al Pacino, et c’était à la pause, j’étais en train de fumer une cigarette, une dame m’interpelle et me demande ce que je fais cet été. Alors je lui dis « ben j’suis là ». Elle me demande si je suis dispo pour passer des essais pour un rôle. J’ai dit oui pourquoi pas. C’était pour les essais de Ralph 2.0. J’étais très intimidée, terriblement intimidée et deux semaines plus tard, j’ai reçu un message sur mon téléphone me disant que j’étais retenue. J’étais folle de joie. À l’enregistrement, tu as cette espèce de trac horrible qui te prend des orteils, à la pointe du crâne mais tout s’est bien passé et le résultat est très très joli.
FOUFOUGONG : Peux-tu nous donner des infos sur des projets en cours ?
En ce moment, je travaille sur une série qui s’appelle THE OUTSIDER qui passe en ce moment sur OCS et je double l’Inspecteur Holly Gibney interprété par Cynthia Erivo (Sale Temps à l’autel EL Royal, 2018). Et c’est avec le rôle de CJ Walker, l’un des plus beaux personnages que j’ai jamais doublé. Je prends énormément de plaisir.
Il y a un film qui s’appelle « l’ile fantastique » et des séries sur TF1 notamment. Je ne peux pas donner plus de détails mais il y a des choses très intéressantes qui arrivent.
Je fais aussi les voix dans des jeux vidéos comme World of Warcraft, Talanji, la Reine des trolls, Overwatch, le personnage de Orisa, et d’autres jeux qui vont bientôt sortir qui vont faire un réel carton…
Moi je ne travaille pas, je vis de ma passion. Je vis plein de vies.
SELF MADE, nouvelle mini-série événement NETFLIX, à partir du VENDREDI 20 MARS 2020 avec Octavia Spencer, TIFFANY HADDISH, BLAIR UNDERWOOD…
ET SI?
Si la dernière sortie d’Aïssa Maïga aux César le 28 février dernier semble montrer que 20 ans après la prise de parole à la même cérémonie de Luc Saint-Eloy et de Calixte Beyala, le cinéma français n’a pas beaucoup évolué, dorénavant, il y a des plateformes de streaming. Elles ont déjà réglé certaines questions, en transformant la diversité en marchés et non plus en défis. Et si l’avenir de la visibilité des minorités en France n’était pas dans le cinéma français. Si, au lieu de faire sauter tant de verrous et d’agents artistiques formatés, il fallait plutôt parier sur les plateformes de streaming : Netflix en tête mais aussi OCS, Apple TV+ ou encore la petite dernière Disney+ …Le film de Kéry James « Banlieusards » qui a attendu cinq ans dans les tiroirs du cinéma français avant qu’il s’adresse à Netflix et de cartonner en fin d’année dernière semble le démontrer. Alors à vos stylos et à vos scénarios car ces plateformes qui ont leurs propres méthodes de travail et leurs logiques sont des vitrines sur des histoires différentes, des personnages différents et nouveaux.
Merci pour cette découverte . On se souvient toujours des voix de doublages des acteurs qu’on aime bien mais on ne fait pas toujours l’effort de chercher à savoir qui se cachent derrière ces voix.
Concernant la visibilité des acteurs noirs dans le cinéma français, je pense aussi que c’est le moment pour eux de se focaliser sur des alternatives comme des plateformes à l’instar de Netflix. Ils auront beau dénoncer ce manque de visibilité , ceux qui font le cinéma français ne semblent pas prêts à opérer à de profondes transformations.
En plus les plateformes de streaming leur permettraient vraiment d’être visible à l’échelle internationale et peut-être d’avoir de nouvelles opportunités ailleurs. Vu le nombres vertigineux de nouveaux d’abonnés sur ces plateformes surtout en ce temps de confinement c’est maintenant que ces acteurs de la diversité doivent réfléchir à de nouveaux projets qui pourraient les séduire.
Merci Anook pour ta contribution, pour le retour. C’est très intéressant de voir comment Netflix est aujourd’hui une option de dernière minute encore pour ceux qui aspirent à faire du cinéma en France alors qu’aux Etats-Unis et partout ailleurs, c’est devenu une plateforme de premier plan. En espérant que ça inspire plus d’un car il y a visiblement des opportunités. #banlieusards #keryjames