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Mort d’Eric Francis à la MG Race: Vincent Thomas, un autre compétiteur, dénonce le manque de sécurité

Mort d’Eric Francis à la MG Race: Vincent Thomas, un autre compétiteur, dénonce le manque de sécurité

Le surnom de l’américain dans le milieu c’était The Eagle, l’aigle, qui fond sur sa proie. Eric Francis était un compétiteur né, venu de Floride pour gagner. Lui qui était l’actuel leader du championnat de la catégorie P1 Aqua X qui se définit comme la plus haute catégorie des courses de jet-ski de la planète. Mais samedi 25 juin, dans l’après-midi, lors de la dernière étape de la MG Race entre Marie-Galante et les Saintes, l’aigle a eu les ailes coupées. L’homme de 36 ans a été retrouvé flottant au large de Folle-Anse en fin d’après-midi en suivant la géolocalisation de son téléphone portable placé dans une poche étanche. Son corps avait dérivé pendant plus de deux heures alors que son jet-ski avait été retrouvé au large par les gendarmes maritimes par hasard.

 

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Quid de la balise que portent sur eux les pilotes ? D’autant que d’autres compétiteurs avaient également déclenché la leur le jour-même et la journée précédente en émettant des appels de secours, qui selon eux, n’ont servi à rien. Juste avant la disparition d’Eric Francis, Vincent Thomas, un autre coureur, avait lui aussi été recherché car en difficultés. Alors que le décès de ce « super mec » commence à faire des vagues dans le milieu du jet-ski international, une enquête a été ouverte, menée par la gendarmerie de Marie-Galante.

La disparition d’un « super mec »

« Adorable, toujours le sourire, la banane, toujours à déconner, un super mec », commentent tous ceux qui ont cotoyé Eric « the Eagle » Francis. La Guadeloupe était liée à son histoire d’amour avec sa femme, elle aussi pilote, qu’il avait rencontrée dans l’archipel sur une Karujet. La jeune femme est enceinte de sept mois et demi. Tous deux déjà parents d’une petite fille d’un an et demi. Par la voix d’une source anonyme très touchée, certains s’expriment. « On est choqués. Samedi soir, on a eu un sms nous disant qu’il n’y aurait pas de remise de prix. Et c’est tout. On était tout seuls sur la plage jusqu’à 18h30-19h alors qu’on venait d’avoir confirmation du décès d’Eric. Aucune prise de parole n’a eu lieu. Rien du tout en sa mémoire», déplore ce témoin.

Les balises de localisation en question: « Il aurait pu y avoir deux morts samedi sur la MG Race »

Mais comment en est-on arrivés là ? Même s’il s’agit d’un accident, certains pointent du doigt le manque de sécurité sur les épreuves. Dans les esprits, le problème des balises de localisation des pilotes reste une préoccupation centrale. Vincent Thomas en a fait les frais un peu avant Eric Francis, le même jour. En arrivant sur les Saintes, la coque de sa machine casse et le jet-ski se met à couler, l’éjectant au passage. Sauf que quand il déclenche sa balise, rien ne se passe. Il est catégorique, « il aurait pu y avoir deux morts samedi sur la MG Race si un autre concurrent n’était pas passé par là ». Ecoutez le récit de cette journée complètement folle durant laquelle des compétiteurs étaient perdus dans la mer des Caraïbes en plein Canal des Saintes alors qu’ils sont équipés de balises. Pour ce jet-skieur expérimenté, au palmarès long comme le bras (cinq fois champion de la Guadeloupe, deux fois champion de France, champion d’Europe, Champion de la Caraïbe, cinq fois vice-champion du monde, deux fois champion du monde…), c’est clairement inacceptable

« Des balises qui ne marchent pas, ça peut arriver », avancent les gendarmes en charge de l’enquête. Du côté d’Eric Paulin, organisateur de la course, interrogé en direct dans le journal de 13h de RCI dimanche 26 juin, on explique avoir fait appel à un prestataire qui s’occupe des trackers. « Depuis le deuxième jour, j’ai dit : il y a un problème. Ça fonctionne à 70% et à 30% ça ne fonctionne pas, c’est pas normal », confiait Eric Paulin qui a annoncé devoir faire le point avec le prestataire pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. « Ce n’est pas l’organisation. On a confié cette partie à un opérateur et malheureusement, il y a eu des manquements », semble se démarquer l’organisation. Nous avons donc un organisateur qui a remarqué que les balises ne fonctionnaient pas à un pourcentage élevé et qui a continué la course.

La machine d’Eric Francis fonctionnait-elle de façon optimale ?

Arrivé en tant que coureur invité, comme d’autres, Eric Francis s’était vu payer les billets d’avion, le gîte et le couvert et sur place, l’organisateur lui avait prêté une machine. Mais pas de mécanicien ni d’assistant. Alors c’est le team de Vincent Thomas qui l’avait encadré sans toutefois intervenir sur la machine, précise le pilote. Selon la gendarmerie de Grand-Bourg, aucun problème mécanique n’est noté sur la machine.

«Elle fonctionne parfaitement bien », assurent les gendarmes en charge de l’enquête. Eric Paulin, pour sa part, a précisé à nos confrères de RCI qu’ils (les gendarmes, ndlr) ont démarré la machine et qu’elle fonctionne. Mais sur place, parmi les observateurs, on se repasse la vidéo du dernier départ d’Eric Francis. « Regardez sur la vidéo, le moteur est clairement en difficulté. Alors, quand on démarre la machine, on peut penser qu’elle fonctionne mais en condition dans des vagues de 2,50m comme c’est le cas des conditions de mer de samedi, le jet-ski peut ne pas passer les grosses vagues. Une vague devient un tremplin puis tu te prends un mur en face». Tout en confiant qu’un moteur qui coupe, ça peut aussi arriver sur une machine en bon état étant donné les conditions de mer ce jour-là. Selon des membres de teams, il ne suffit pas de démarrer la machine pour voir si elle fonctionne, il faut la tester en conditions. «  C’est comme si vous avez une voiture sans frein, sans embrayage, qui démarre. On peut dire qu’elle fonctionne parce qu’elle démarre mais si vous voulez rouler avec, c’est moins pratique », schématise l’un d’entre eux. Selon ceux qui étaient présents quand la machine retrouvée a été ramenée à Saint-Louis, la gachette (la poignée de gaz) était à l’envers, vers le bas, ce qui irait dans le sens d’une grosse chute et non d’un malaise. Les gendarmes n’ont pas donné plus de détails sur cet aspect, ne donnant pas beaucoup de crédit à tout ce qui peut être dit autour de l’affaire. Certaines sources disent se tenir à disposition des services d’enquête pour apporter leur expertise. Les gendarmes s’orientent plutôt vers un problème de santé ou une faute de pilotage. Tout cela devra être confirmé par une autopsie qui aura lieu dans la semaine, peut-être mercredi.

À rappeler que cette course aurait dû se dérouler en début d’année mais repoussée alors que nous sommes actuellement en pleine période de ponte à Marie-Galante qui est un hot spot caribéen pour les tortues marines. Le tout avec des machines dont certaines ont pu atteindre les 120 kms /heure sans parler des beachages pour faire le carburant avec la possibilité de lâcher des hydrocarbures sur la plage. Cette course était un Open. Il n’y avait donc aucun enjeu au niveau mondial, aucun titre à gagner et le vainqueur remportait seulement ce qu’on appelle un Prize Money, soit une dotation de 1500 euros. Encore moins de raisons de risquer sa vie et surtout de la perdre.

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