Les agents de la Sécurité Sociale du centre d’accueil de Grand-Bourg ne sont pas rassurés par les derniers communiqués publiés même si la CGSS a nié ce mardi vouloir fermer « définitivement » le centre de Marie-Galante. L’UNASS de son côté affirme que c’est une menace certaine. « Saint-François a été fermé de cette façon. Il n’y avait pas non plus de document écrit », avance avec force Franck Laublas, le secrétaire général de la branche Sécurité Sociale de l’UGTG. Qu’en penser? Quelques éléments de réflexion alors que cette annonce de fermeture a un écho retentissant à Marie-Galante, reprise et amplifiée par les réseaux sociaux.
Ce matin encore, devant les bureaux de « la Sécu » à Tivoli, quelques personnes se postaient à tour de rôle à la porte sans pouvoir rentrer car depuis le premier confinement suite à la pandémie Covid, il n’y a plus d’accueil du « tout-venant », qualificatif qui désigne le public spontané sans rendez-vous. On conseille d’appeler le 3646 mais pour avoir quelqu’un au bout du fil, ce serait la croix et la bannière. Et la situation est la même dans tous les centres d’accueil de Guadeloupe.
Peu avant 10h, une petite dame aux cheveux blancs coupés au carré se presse pour intercepter une agente de la Sécurité Sociale qui se trouve par hasard à la porte. « J’ai des questions sur…ma retraite complémentaire », dit-elle d’une voix fragile et peu assurée. « On me demande tellement de choses, je crois que je vais laisser tomber ». Quand l’agente lui indique qu’il faut contacter une autre caisse, l’Agirc- Arco et que c’est à Dothémare, la petite dame repart découragée avec sous le bras son dossier. Elle n’a pas réussi à obtenir aux impôts les papiers qui lui seraient nécessaires pour justifier de sa retraite complémentaire. Des cas comme celui-là, il y en a quelques uns. Encore ce matin, un monsieur de 79 ans qui a perdu sa carte vitale est venu les voir. Combien de temps aurait-il perdu à contacter le 3646 au lieu de contacter sa caisse des Marins , l’ENIM, directement?
Les caisses de retraite, l’assurance-maladie, l’Agirc-Arco, tout ce jargon pour beaucoup est un dédale et le bureau d’accueil de la Sécurité Sociale apparaît comme un repère fiable.
« Les gens viennent à la Sécurité Sociale même quand ce n’est pas nous alors on les conseille sauf qu’actuellement, on n’accueille pas sauf le mercredi matin et sur rendez-vous », livre une agente.
Un rendez-vous pris en passant par le 3646, que beaucoup n’arriveraient pas à joindre. C’est le serpent qui se mord la queue. Car depuis, quelques semaines, les fiches contacts qui permettaient de gagner du temps et d’être rappelé rapidement par un agent de la Sécurité Sociale ne seraient plus d’actualité, assure une source qui qualifie le 3646 de « machine infernale avec un important turnover ». « Les agents ne sont pas suffisamment formés et cela engendre des rendez-vous téléphoniques pour nous derrière ».
Certains agents de Marie-Galante indiquent ne pas avoir de visibilité sur leur avenir, sur une fermeture, un maintien ni même sur le fait de recommencer à accueillir les administrés sans rendez-vous. À rappeler que le centre de Sécurité Sociale de Grand-Bourg accueillait avant le Covid 30 à 40 personnes par jour et par agent, affirment les personnels.
Un contexte particulier: un changement de syndicat majoritaire
À fin du mois de juillet, c’est donc l’UNASS, la branche de Sécurité Sociale de l’UGTG qui a mis le feu aux poudres. Selon Franck Laublas, secrétaire général de l’UNASS-UGTG, la direction s’apprêterait à fermer le centre d’accueil de Sécurité Sociale de Marie-Galante.
« Il n’y a aucun document écrit mais nous avons des indices qui nous permettent de dire qu’il y a un risque», précise Franck Laublas. Celui-ci affirme avoir entendu en février-mars 2022 le directeur de la Sécurité Sociale, M. Jean Véron, annoncer qu’il allait fermer ce centre d’accueil. Nous n’avons pas davantage de détails sur le contexte de cette déclaration ni sur sa véracité. La communication de la CGSS, mise au courant de cette déclaration du syndicat, indique qu’une conférence de presse est convoquée pour le jeudi 4 août. À noter que l’UNASS qui était le syndicat aux affaires à cette époque n’en a pas parlé publiquement à ce moment-là. « Nous avons attendu le mois de juin pour demander une réunion alors qu’on observe un retour à la normale partout ailleurs, il n’y en a toujours pas dans les centres d’accueil de la Sécu», s’inquiète Franck Laublas pour qui c’est un signe clair que la fermeture est au programme pour Marie-Galante.
Depuis quelques mois, c’est L’UTPS, le nouveau syndicat majoritaire. L’Union des Travailleurs de la Protection Sociale, par la voix de son secrétaire général, M. David Mathoua, indique ne pas avoir participé à ces négociations (c’était encore le rôle de l’UNASS-UGTG, ndlr) et avoir demandé des informations dont il ne dispose pas encore. Sur fond de changement de majorité syndicale et après des élections qui ont laminé l’UNASS-UGTG, difficile d’y voir clair sur le sort du centre de Marie-Galante.
La Sécurité Sociale nie toute fermeture définitive
La direction de la CGSS a répondu par communiqué interposé le 2 août intitulé
«Nous consolidons notre présence sur la Galette ». Alors que l’affaire s’emballe depuis la reprise dans les médias du communiqué de l’UNASS, il est précisé que « le président et le directeur de la Caisse Générale de Sécurité Sociale de la Guadeloupe s’inscrivent en faux contre ces allégations. Il n’a jamais été question de fermer définitivement l’accueil de Marie-Galante. Bien au contraire, la CGSS multiplie les contacts avec les collectivités locales pour consolider son implantation sur ce territoire, comme sur l’ensemble de l’archipel guadeloupéen », mentionnant le projet de déploiement des Maisons et Espaces France Services.
Quoi qu’il en soit, depuis le Covid, l’accueil des administrés a profondément changé et ce dans toute la Guadeloupe. Et alors que le passe sanitaire n’est plus nécessaire pour prendre l’avion, beaucoup se demandent quand l’accueil reviendra à la normale pour passer la porte de la Sécurité Sociale.