Le Festival : c’est aussi un coup de poker… Certains restaurateurs ou professionnels en ressortent lessivés financièrement
Plus de 20 000 personnes en plus sur une île sur 4 jours et certains établissements de restauration ont souffert du manque de fréquentation. Un prochain article abordera en détail plusieurs cas (leur analyse, leur témoignage et ce qu’ils aimeraient voir changer). Pour l’instant, Zoom sur la situation du Jaz Cocktail à Saint-Louis qui ferme ses portes définitivement ce dimanche. Ce restaurant qui avait tout parié sur le festival du 26 au 29 mai pour se refaire d’une saison touristique molle va même fermer à Saint-Louis. Nous avons rencontré Marjorie Lemonnier, du Jaz Cocktail, qui organise ce week-end ses dernières soirées festives dont le rendez-vous ka du dimanche et la soirée Dub avec Dj Roro (flyers en bas de l’article).
À l’heure des comptes, certains se réveillent groggy et les plus fragiles ne se réveillent pas. C’est le cas du Jaz Cocktail, ouvert en novembre dernier, qui a souffert depuis le début d’autres problèmes propres à son organisation. Il ne s’agit donc pas là d’une restauratrice qui accuse le festival d’être l’unique cause de sa perte mais la planche de salut que représentaient les festivités ont fini de savonner la planche.
Finis les Baba au rhum vieux, les cheese cakes, pannacota et autres desserts maison proposés avec des cocktails intéressants et originaux notamment l’Amaretto Sour (version plus caribéenne du Pisco Sour). Cet établissement dont le concept même était basé sur les cocktails et tapas organisait également des soirées à thèmes avec mafé et Thiéboudiène, rougail saucisse…
« On a eu une saison touristique molle. Depuis Pâques, il n’y avait plus personne », commence Marjorie. Installé depuis novembre 2022, le Jaz Cocktail a beaucoup misé sur le Terre de Blues pour rattraper ses chiffres. « On s’est dit que ça allait nous permettre de retomber sur nos pieds et ça ne s’est pas du tout passé comme ça. On a investi à fond pour faire de gros stocks en marchandises et on a aussi prévu du personnel et finalement au festival, ça a été le désert. On avait prévu des animations le soir mais on a eu personne parce que tous les gens se sont dirigés vers la VO ou la Jimmy’s ».
2000 euros de chiffres pendant Terre de Blues
« On a fait 5000 euros d’achat pour acheter les boissons, la nourriture, le matériel, les plats à emporter et on n’a pas fait 2000 euros en 4 jours », expose Marjorie qui indique « vouloir partir la tête haute et clôturer les choses comme il faut. Je ne vais pas continuer de m’enfoncer en me demandant ce que les gens vont penser et ne pas payer mes fournisseurs », affirme-t-elle. Il y a eu des embauches en prévision de l’affluence escomptée mais finalement, « ce sont des amis et ils ne veulent pas être payés », nous explique Marjorie. « Moi je travaille 70 h par semaine, je ne veux pas faire du bénévolat. Je ravale mon orgueil et je ne vais pas m’enfoncer. Je mets fin à l’aventure », livre celle qui vient d’avoir 50 ans (date d’anniversaire tombée en plein dimanche de Pentecôte au travail). Pour rien. Marjorie aspire maintenant à redevenir salariée et à ne plus ramener les problèmes d’un restaurant à la maison même si « ça a été une belle aventure ».
AGENDA
L’organisation des soirées festives ce week-end consiste donc à écouler les stocks du Terre de Blues et à payer les fournisseurs.
Le Jaz Cocktail est situé à Saint-Louis dans l’enfilade de beachbars à côté du Katimini et du Jaz Karayib sur l’avenue des Caraïbes.
Aussi conséquente et définitive soit la fermeture d’un établissement, le sujet ne serait pas représentatif d’une tendance si le constat fait par Marjorie Lemonnier était isolé. Or, depuis plusieurs jours, des professionnels de la restauration en priorité nous font des remontées sur la répartition inéquitable des revenus de l’affluence touristique. Et même certains qui ont semble-t-il eu du monde ne sont pas satisfaits de leur retour sur investissement. À suivre sur Foufougong !
