Depuis fin janvier, le groupe GHI (Groupe Hureau Immobilier) communique de façon ciblée sur l’opération de reprise du Kawann, ex-Cohoba, situé à Folle-Anse. L’ancien trois étoiles fermé depuis 2012 a été racheté par le promoteur et est en passe d’être vendu à la découpe avec comme visée d’en faire des logements touristiques mais pas seulement…
En octobre dernier, nous vous parlions de la visite d’un potentiel repreneur, et voilà que les premières journées portes ouvertes vont avoir lieu tous les week-ends du 6 février au mois d’avril. Le repreneur est Philippe Hureau, du groupe immobilier GHI (Groupe Hureau Immobilier) installé en Guadeloupe continentale et déjà à l’origine de projets similaires à Saint-François, la Plantation Sainte-Marthe et en Martinique, l’ex Marine Hotel. Ce ne sont donc pas des débutants en la matière.
Mais que vaut ce projet à Marie-Galante? Entre les moustiques et autres yen-yen, les futures charges de copropriété, le classement de la zone, et ce qui est exactement prévu à cet endroit…
Des flyers, des affiches, des prospectus, disponibles dans les commerces de proximité : ce sera la seule communication effectuée dans un premier temps. Cette diffusion restreinte est apparemment une condition imposée par la mairie afin de favoriser les acheteurs locaux. Ce qui n’empêche pas bien sûr d’autres personnes d’être au courant et d’y voir une superbe occasion. Didier, de Petit-Canal, de passage à Marie-Galante pour raisons professionnelles, mardi 2 février, n’a fait ni une ni deux. En apprenant par le bouche-à-oreille dans un restaurant la nouvelle de l’opération immobilière, il est venu voir avant même les premières journées portes ouvertes. On le croise sur le parking.
« J’ai entendu parler de la vente du complexe. Je suis venu pour savoir si je pouvais visiter avant de reprendre le bateau à 16h. Ce serait un bon investissement en terme de tourisme et puis ça m’arrive aussi de vouloir faire quelques jours de repos à Marie-Galante », confie-t-il.
Alors, autant vous dire que Philippe Hureau est très confiant avant même le début de la commercialisation officielle du site.
« On espère bien qu’on aura tout vendu d’ici le mois d’avril ».
Un site multi-activités
Les anciennes chambres d’hôtel sont vendues en tant qu’appartements à visée touristique
Philippe Hureau : « Les 100 logements qui sont les anciennes chambres de l’hôtel seront proposés à des tarifs variant de 75 000 euros à 190 000 euros. L’expérience de la Plantation Ste-Marthe nous a démontré que c’était ingérable dans une copropriété d’avoir des résidents et de la location touristique. Donc ici, les 100 appartements seront destinés à l’hébergement touristique. Soit les propriétaires exploiteront eux-mêmes soit ils peuvent faire appel à une société de conciergerie qu’on va installer sur place et qui apportera une force de proposition et un savoir-faire. On ne peut pas faire la gendarmerie mais ça sera facile de voir et d’échanger sur le fait que untel ou untel est en location longue durée ou en résidence. Sur chaque copropriété, il y a un règlement de copropriété précisant cela. Le propriétaire qui va enfreindre le règlement, il ne pourra pas venir se plaindre d’éventuelles nuisances ».
Une résidence touristique pour séniors
PH : « A l’emplacement actuel des courts de tennis, un permis a été déposé début février 2021 afin de construire 50 logements d’une résidence touristique à destination des séniors : Antillages. Ce n’est pas une maison de retraite, ni un ehpad, ni une résidence médicalisée, c’est une résidence touristique qui sera accessible aux personnes à mobilité réduite et nous observons des normes de construction E+ C-. Cela signifie plus d’électricité autonome et le limiter de limiter l’empreinte carbone dans la construction.
Reste à savoir si le classement de la zone au PPRN permettra de concrétiser ce projet.
Un Kawann Center pour créer de l’activité
Le bâtiment d’accueil de l’ancien hôtel deviendra Le Kawann Center.
PH : « Ici, ce sera un nouveau centre d’affaires pour organiser des séminaires, faire venir du corporate. Il faut être force d’occupation, d’organisation de congrès. Et l’hébergement détenu par les privés devrait d’ailleurs profiter de ces événements ».
De nouveaux parkings
PH : « Toute la cocoteraie va être transformée en parking. Il y aura 110 parkings pour stationner toutes les voitures des co-propriétaires ainsi qu’une soixantaine de places pour la résidence les Antillages. Et un autre parking sera laissé pour les voitures qui veulent avoir accès à la plage. On laisse l’accès au littoral mais les véhicules vont rester de ce côté, pour canaliser les personnes qui se garent pour l’instant côté mer de manière sauvage ».
…Mais quand même : il faudra se poser quelques questions
Quid des moustiques et des yen-yen ?
Gros point noir que cette question car si en ce moment, on peut se promener sur le site sans ressentir de gêne, ce n’est pas le cas toute l’année.
De mémoire de Kawannyen averti, ceux qui fréquentaient le site ou y travaillaient, la zone est un mousticodrome.
« Les moustiques, c’était tout simplement un enfer », nous confie-t-on même. De juillet environ jusqu’à novembre, c’est la guerre, soit presque la moitié de l’année, les nuées s’abattent sur toute personne osant rester sur le balcon d’un appartement ou s’approcher de trop près du marais ou de la partie boisée, en arrière-plage, même en journée. A l’époque, beaucoup de choses avaient été tentées pour en venir à bout. « Les solutions chimiques n’ont jamais marché. On avait même fait appel à un entomologiste réputé au niveau mondial. La société Arnoux avait également fait des interventions avec des machines spéciales. Et puis, il faut avoir des solutions éco-responsables car il s’agit d’un des plus importants sites de pontes de tortues imbriquées, » explique une source.
Les machines à CO2 d’une société basée en Camargue sont-elles la solution ?
Philippe Hureau : « On a approché des sociétés qui interviennent en Camargue, zone encore beaucoup plus exposée qu’ici aux moustiques. Là, on a le marais qui est très humide et une partie boisée. Donc, on a deux barrières chimiques qui sont à l’étude. On sait ce que représentent les coûts et ce que représente l’entretien car il s’agira évidemment que tout cela fonctionne en continu », explique le promoteur.
Cette solution est présentée comme écologique et permet de tromper le moustique en lui faisant croire avec les émanations de CO2 qu’il y a une personne dans le secteur. La femelle moustique pense qu’il y a une diffusion de dioxyde de carbone naturelle. En s’approchant, elle va être aspirée et piégée. Une femelle moustique pondant 200 œufs tous les deux jours, les piqûres seraient ainsi réduites de 88 % selon une société qui commercialise ce genre de système.
À combien vont se monter les charges?
P. Hureau : « Ce n’est pas une grande copropriété qui va être créée mais plusieurs unités : une pour les studios, une pour les R+1, une autre pour les bungalows…Ce sont des petites unités de copropriété à échelle humaine et on va minimiser les charges par copropriété puisqu’on va créer une structure au-dessus : une AFUL. Il s’agit d’une Association Foncière urbaine libre, qui elle va gérer tous les espaces communs à l’ensemble des copropriétés donc les charges seront autour de 45 à 50 euros par mois, parce que chaque copropriété n’a aucune structure lourde. Si on met en place un gardiennage, ça va être mis en place par l’AFUL, pas par les copropriétés. C’est lissé, c’est réparti. Petites charges. On a déjà monté ces opérations parce que ça marche bien et ça permet de répartir les charges sur le plus grand nombre ».
La piscine reste privée
PH : « Tous les copropriétaires auront un droit d’accès mais le mobilier est une autre relation contractuelle. Cela permet aussi de réduire les charges par la privatisation des espaces communs et ça permet à l’investisseur de conserver son outil de travail. Sachant que la plage est ouverte. Cette solution a été testée en Martinique et ça fonctionne très bien ».
Détail important: la majeure partie de la zone classée bleue dans le PPRN
La majorité de la zone est classée en bleu dans le Plan de Prévention des Risques Naturels et exposée au risque houle cyclonique. Les classements de la zone seront communiqués aux éventuels acheteurs. C’est une obligation.
ET ENFIN…
Y a-t-il besoin de vous dire de poser les questions nécessaires à votre prise de décision pendant les journées portes ouvertes ? Notamment sur l’état des réseaux et des canalisations sur place après huit ans sans occupation. Le Kawann est resté sous surveillance avec des vigiles et des personnes préposées aux espaces verts, attendant un repreneur. Ce ne sont donc pas des bâtiments à l’abandon même si la piscine a été laissée aux figuiers maudits, aujourd’hui arrachés, mais sans doute y aura-t-il des travaux à prévoir. Alors, renseignez-vous au préalable sur les coûts.