Derrière les couleurs explosives que la 1è édition du « Just Graff It Festival FWI » va splasher sur les murs de Capesterre (ville partenaire) du 9 au 11 juillet, il y a le parcours d’un enfant arrivé à 4 ans et reparti à 14 ans de Marie-Galante. Dix ans entre abandon, rapports rugueux avec sa première famille d’accueil, mais aussi nouvelles familles de cœur et amitiés profondes.
À 40 ans, Al « Pacman » Durand, s’est déjà orthograffé un nom dans le milieu. Celui du graff, du streetart…Jusqu’à devenir un fédérateur en organisant le World Kreyol Art Festival à Pointe-à-Pitre. Eh oui, c’est son énergie derrière ce mouvement de création de fresques bigarrées que l’on doit à BBird, YesWoo Dini et bien d ‘autres.
Mais là, avec le Just Graff It Festival, il délocalise le concept à Capesterre de Marie-Galante. Il y aura Steek, Iwo, Warner, 4KG ou bien encore le local de l’étape Yelow entre autres. En toile de fond, les murs de Capesterre sur lesquels les bombes vont exploser de couleurs.
Un festival itinérant, comme lui, qui remonte les traces de son histoire et on découvre une Marie-Galante qu’il connaît comme sa poche qui est une étape importante de son parcours de vie.
Pourquoi Capesterre ?
Quel est le lien entre cet artiste que j’ai croisé il y a deux ans et cette ville de Marie-Galante qu’on connaît plus depuis dix ans pour ses échouements de sargasses que pour son rôle de capitale de ville-musée street art? Je n’avais alors aucune idée de ce qu’il allait accepter de partager avec Foufougong. Ce simple « pourquoi ? » m’a permis de le rencontrer en ce jeudi 8 juillet et de le suivre du port de Folle-Anse où il réceptionne son camion bourré de matériels de peinture, et où je me rends compte qu’il connaît vraiment l’île dans ses moindres détails, jusqu’à Capesterre où il était scolarisé au Collège Nelson Mandela en faisant une halte par Grand-Bourg devant la maison dans laquelle il a passé ses premières années à Marie-Galante. L’artiste a une mémoire incroyable: visuelle, auditive qui lui permet de livrer avec moult détails en quelques minutes les expériences bonnes ou mauvaises comme imprimées dans son esprit.
De la Dominique à Marie-Galante puis la Guadeloupe
Al « Pacman » est né à la Dominique, à Castle-Bruce, une ville de la Côte Est, située dans la paroisse de Saint-David, au sud de l’Escalier-Tête-Chien. Alors qu’il n’a que 4 ans environ, sa mère fuit le pays et un mari violent avec ses six enfants et vient travailler en tant que femme de ménage sur l’île voisine immédiate : Marie-Galante. Mais Al qu’on appelle alors souvent Alain se retrouve vite dans une famille qui fait office de foyer d’accueil non officiel. Une expérience dont il garde des souvenirs parfois douloureux mais précis. Il se souvient des noms, des visages, des bruits, des implications de ses expériences.
« Elle avait sa vie », livre-t-il pudiquement. Ensuite, les services de protection de l’enfance prennent le relais avec une famille d’accueil –celle là officielle- à Capesterre où il connaît le bonheur d’un foyer et même de plusieurs, puis ce sera un retour auprès de sa mère, installée désormais en Guadeloupe.
Entre 4 ans et 14 ans, Al « Pacman » a humé le terroir marie-galantais dans ce qu’il avait de multifacettes et compte bien le lui rendre avec cette opération « Just Graff It FWI ». Mais d’ailleurs, où va-t-il graffer?
L’opération « Just Graff It FWI » a lieu du 9 au 11 juillet à Capesterre et doit se tenir chaque année dans la commune autour du 14 juillet.