Les esprits taquins diront qu’à Capesterre, il y a des sargasses ET des raz-de-marée électoraux désormais. Même de mémoire de politologue, on n’a jamais vu ça. Les voix d’écart se sont multipliées. De 8 voix en 2020, ce sont désormais 590 suffrages qui ont séparé les deux têtes de liste lors des municipales partielles de ce dimanche 13 mars. C’est une multiplication de l’écart par 74. Avec 73% de taux de participation, Jean-Claude Maës rafle 62,89% des voix avec 1439 suffrages à son avantage contre 849 voix pour Betty Besry soit 37,11%. Betty Besry fait moins bien qu’en 2020 où elle avait cumulé 912 voix contre 920 pour Jean-Claude Maës.
Lassitude : comme un 5e tour des élections municipales à Capesterre
Entre les 1er et 2e tours en 2020, les cantonales en 2021 avec un duel entre les mêmes et cette élection municipale bis en 2022, ça commençait à devenir lassant pour beaucoup de Capesterriens cette confrontation perpétuelle entre les deux têtes de liste. Devant le bureau numéro 4, une habitante de Bézard confie en avoir assez et ne pas vouloir de deuxième tour. « Je n’ai pas envie de revenir voter dimanche prochain », dit-elle alors elle attend les résultats. Son bureau est celui qui a cumulé le plus de retard. Le dépouillement n’a pu commencer qu’après 20h15 environ. Les trois autres bureaux livrent au fur et à mesure leurs résultats. Au fil de l’avancement de la soirée, des vuvuzélas se font entendre. « Fallait pas toucher à la bête », lance une femme. « Mon 13è enfant, je vais l’appeler Maës », plaisante un homme qui n’a pas 12 enfants. Puis vient le temps où les premiers résultats partiels révèlent la victoire au premier tour. Des partisans et colistiers de Jean-Claude Maës quittent alors les bureaux en procession vers son QG de campagne en lançant fièrement « Illettrés, illettrés » en tançant les opposants politiques. A 23h02, Richard Yacou, Président de la délégation désignée par le Préfêt afin d’organiser les élections, abrège le suspense un peu éventé en donnant les résultats exacts. Et là, explosions de joie. Jean-Claude Maës nous offre sa première réaction entre joie d’une telle victoire dont il n’avait pas tout-à-fait prévu, selon ses dires, l’ampleur, ainsi que sa déception vis-à-vis de la teneur de la campagne.
« J’ai été insulté, il y a eu plus de 7 tracts calomnieux mais je laisse Mme Besry dans ses délires »
Quant à Betty Besry, elle prend acte et respecte la décision de la population. Elle réagit sur les accusations de campagne très agressive.
« Je n’ai jamais traité personne d’illettré »
Le pouvoir de la victimisation rend la victime plus sympathique
Georges Calixte, politologue et consultant de la mairie de Capesterre ainsi que membre de l’équipe de campagne de Jean-Claude Maës, précise pour sa part, qu’il n’a jamais vu ça en Guadeloupe : une telle multiplication des voix d’écart. La dynamique du sortant qui a déjà entamé un certain nombre de projets et la victimisation dont il a fait l’objet auraient aussi aidé Jean-Claude Maës. Traduction: à force de l’accuser de tous les maux et de l’affubler de sobriquets, Jean-Claude Maës qui bénéficie déjà d’une côte de sympathie importante a vu son image encore améliorée. Peut-être certains se sont-ils même identifiés et ont choisi de sanctionner ceux qui se moquaient. Ecoutez l’analyse de Georges Calixte, consultant à la mairie de Capesterre et partie prenante dans la campagne de Jean-Claude Maës.
