S’agit-il d’un énorme malentendu ? Ce sera parole contre parole comme dans beaucoup d’affaires de ce type. Ce vendredi 14 octobre à Saint-Louis, nous avons rencontré Paolo Moreau et les ouvriers de la société Sogetra alors que nombreux sont ceux qui pensent que la vidéo qui a mis le feu aux poudres a été diffusée par Foufougong. Or, il n’en est rien.
Dans une vidéo non sourcée et diffusée largement sur Whatsapp depuis quelques jours, un homme qui n’était pas présent au moment des faits accepte d’être le porte-parole de ces collègues et affirme qu’un riverain a proféré des propos racistes. Les deux ouvriers en question, défaitistes pour le coup, indiquent que depuis jeudi dernier (jeudi 6 octobre, date de l’altercation verbale) rien n’est fait dans le cadre de cette affaire alors qu’eux-mêmes ont refusé de déposer plainte en gendarmerie. Ce vendredi matin, nous nous sommes rendus sur place et ô hasard du calendrier, les deux parties étaient présentes. Aussi bien les ouvriers qui ne souhaitent pas être cités, travaillant toujours sur les trottoirs côté mairie de Saint-Louis, que Paolo Moreau, à l’étage de la boutique tenue par son épouse.
Ecoutez Paolo Moreau et sa version des faits est différente. Il indique que, révolté par le manque de protection des ouvriers et le fait qu’ils travaillaient sans respecter les normes, il est descendu et leur a dit qu’ »on les laissait travailler comme des sagouins »
À préciser que nous avons sollicité les ouvriers pour faire une interview vidéo également mais ils ont décliné. Ils ont finalement accepté de nous parler sans être enregistrés.
Travailler comme des sagouins, ka sa yé?
Cette expression équivaut à indiquer que quelqu’un travaille comme un cochon, de manière malpropre. Certains pourront aussi prendre dans le détail en cherchant le sens ancien du mot. « Sagouin » est un terme anciennement utilisé pour désigner un ouistiti. Mais qu’on dise qu’ils sont traités de travailler comme des sagouins, cela n’équivaut pas à traiter quelqu’un de singe, qu’on se le dise. D’ailleurs, M. Moreau dit ne connaître que l’expression et pas forcément la signification du mot « sagouin » pris à part. En tout cas, l’expression consacrée est celle-ci et non connue pour être une expression raciste.
Sagouin ? sé vréman couyon nou couyon ?
Foufougong est donc reparti voir les ouvriers bien évidemment avec cette version des faits qui les a fait réagir. « Sagouin ? », Mé sé vréman couyon nou couyon alors pour confondre les deux ? », s’insurge un des ouvriers irrité qui indique avoir fait répéter Paolo Moreau le jour des faits pour être bien sûr. « Il était de l’autre côté et il l ‘a répété. J’ai bien entendu « sales nègres ». «Vous pensez vraiment qu’on aurait pu confondre? », demande-t-il, tout en reconnaissant qu’ils ne connaissaient pas le terme de « sagouin ». Sur la possibilité d’avoir pu confondre les sonorités dans une ambiance de chantier, l’ouvrier reste sur sa position.
Qu’a dit Paolo Moreau ? Un moyen d’en être sûr ?
Le magasin est équipé d’un système de vidéosurveillance. C ‘est d’ailleurs indiqué sur la devanture. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser la caméra ne donnerait pas sur la rue mais filmerait l’intérieur. Peu importe, même en étant à l’intérieur, la caméra équipée d’un son, a pu selon Paulo Moreau, enregistrer les propos prononcés ce jour là, aux environs de 8h du matin sauf que… les images de vidéosurveillance sont écrasées au bout de 24h. Pour aller plus loin dans la vérification de ces éléments, il faudra sans doute qu’une enquête l’établisse. Mais là, Foufougong n’est ni gendarme ni policier municipal. Les employés de Sogetra ont refusé de déposer plainte arguant que « de toutes les façons, ça n’aboutira à rien ». Une procédure aurait tout de même été établie, selon le Capitaine Davy Mendes, l’adjoint au Commandant de la Compagnie de Pointe-à-Pitre dont dépend Marie-Galante. « Nous regardons cette affaire avec attention car il y a des lettres ouvertes qui circulent avec appel à la haine, l’intégrité de la gendarmerie mise en doute », indique le gendarme qui assure : « on ne peut pas laisser passer de tels propos si ça a été réellement dit. Le mieux ce serait qu’il y ait une enquête. Il faut qu’on entende absolument les deux employés ». Pour l’instant, juste une main courante a été déposée par le représentant de la société Sogetra qui n’était pas présent au moment de l’altercation verbale.
Une réputation d’homme « trop » sûr de lui
Dans le bourg, autour de la boutique où son épouse vend des objets d’art, Paolo Moreau est assez mal connu. « Moi je ne l’ai jamais senti alors je ne vais pas le défendre », indique une personne interrogée. Une autre qui le connaît un peu mieux indique que pendant le Covid, il a aidé certains à monter des dossiers d’aides et continue de le faire. Bref, la personnalité de Paolo Moreau ne semble pas passer avec tout le monde. Selon un autre témoignage, certains auraient confié ne pas être étonnés qu’un tel dérapage ait pu avoir lieu. Mais est-ce suffisant pour indiquer que de tels propos ont effectivement été tenus ? Après enquête de voisinage dans les commerces avoisinants, aucun témoin direct ayant entendu les propos proférés ne s’est fait connaître pour le moment. Visiblement, ce jour-là, il y avait du passage.
TRIBUNE de FOUFOUGONG DANS FOUFOUGONG (Un comble)
NON, la vidéo du témoignage de l’employé Sogetras n’a pas été tournée par Foufougong
Journaliste, c’est un métier, des valeurs et des sources. Quand Foufougong produit, le média s’identifie et surtout diffuse sur ses réseaux, sur le site, sur la page Facebook, Instagram ou sur ses listes de diffusion Whatsapp. Un contenu Foufougong est identifié. Or, même si cette vidéo n’a pas été identifiée Foufougong puisqu’elle n’a pas été produite par Foufougong, beaucoup ont pu croire que c’était le cas. Or, ce type de productions sans vérification préalable ou même sans prendre l’attache de la personne accusée ne répond pas à notre ligne éditoriale. Sa pa ka sanm’ nou!
Une vidéo qui se termine sur un plan du commerce, et c’est tout ? Pensez-vous vraiment que Foufougong aurait pu faire ça ? On prend toujours le soin d’aller voir toutes les parties et on prend souvent le risque de se faire rembarrer pour ça. Car c’est le boulot qui veut ça.
Si vous ne nous croyez pas, il suffit d’aller demander à l’ouvrier de la vidéo qui l’a filmé. C’est tout. Enquête terminée ! Pliée. C’est simple. Alors non, une voix de femme sur une vidéo, ce n’est pas automatiquement la mienne. Nous avons à cœur à chaque sujet de prendre le maximum d’informations d’un côté comme de l’autre avant de diffuser quoi que ce soit sur un sujet aussi grave. Nous ne diffusons pas non plus de vidéo ou de contenu en anonyme. Quel en serait l’intérêt ? Foufougong est là pour être sourcé, pour que les vues soient comptabilisées et atterrissent sur ses réseaux, non pour balancer des vidéos sur Whatsapp qui seront vues sans être renvoyées sur un site. Notre travail est celui de permettre à la population de Marie-Galante de faire preuve d’esprit critique quelque soit le camp choisi en lui apportant des informations sûres. Le principal est de le faire avec les bons éléments basés sur des faits vérifiés et non de réagir avec nos tripes sans base équilibrée. Et quand on ne sait pas, on dit : On ne sait pas. Il y a sans doute des faits et des comportements qui relèvent du racisme à Marie-Galante, comme partout, et « l’enquête » dont parlent les gendarmes permettra de déterminer si cela a été le cas ou pas dans cette affaire, mais des éléments précis et des déclarations établies doivent être dans un premier temps recueillis. Pour le reste, soyez de vrais Foufougongerz ou juste des lecteurs avertis et restez ouverts aux explications et à la mise en doute dans la compréhension de chacun.
