Jusqu’à maintenant, dans cette danse des actionnaires, aux commandes il y a la Cofepp. La Sicama, elle, qui représente les planteurs, s’occupe des cannes, de la récolte. Nullement de la stratégie ni de la commercialisation. Si la Cofepp veut aller à gauche, la Sicama tangue et si la Cofepp veut aller à droite, même chose. Seulement maintenant, avec la Région se targuant d’une « nouvelle approche » et de canne bio et de sucres spéciaux dont l’entrée au capital a été validée ce jeudi 28 avril, les rapports de force seraient voués à changer.
C’est LA grosse information de ce jeudi, à la sucrerie-rhumerie située à Grand-Anse. L’acceptation de la Région Guadeloupe en tant que futur actionnaire au capital de la Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante a été actée durant la matinée. C’est le point 7 de l’ordre du jour abordé en Conseil d’Administration jeudi qui a été validé. Une décision très importante en présence de représentants de la Cofepp- la Martiniquaise-Bardinet (Poliakov, Label 5, Cruz, Saint-James, Old Nick…) et de la Région Guadeloupe ainsi que de la Sicama (la coopérative des planteurs de Marie-Galante) mais sans chiffres officiels pour le moment. Et pour cause, ce sont des propositions qui ont été faites. Toutefois, Foufougong a quand même réussi à avoir quelques infos d’un scénario proposé et de ce que cela pourrait entraîner comme bouleversements au sein de l’actionnariat de la SRMG.
Une augmentation de capital de 5 millions d’euros ?
C’est l’une des hypothèses. Ces 5 millions d’euros d’augmentation de capital seraient abondés conjointement par la Cofepp (Compagnie financière européenne de prises de participation) et la collectivité régionale. D’autant plus que la collectivité veut détenir une minorité de blocage soit au-dessus de 35% des parts. Il reste encore quelques sacrées inconnues comme le cours de l’action et le montant des fonds propres de la SRMG alors que les dossiers d’assurances ne sont pas encore clos. Ecoutez Jean-Claude Cantorné, vice-président de la Cofepp, le second groupe français de spiritueux derrière Pernod-Ricard, auprès de qui nous avons un peu insisté afin d’obtenir quelques éléments
Marcher sur des œufs
« Nous ne sommes pas en train de faire une OPA hostile mais proposons un partenariat (…) afin de préserver l’unité sucrière et l’emploi à Marie-Galante », précise une source régionale. Si la Région vise 35% et que la Cofepp reste majoritaire autour de plus de 50%, cela signifie que l’actionnariat se jouant jusqu’à nouvel ordre sur 100% des parts (triste loi des mathématiques), on peut se risquer à imaginer que celles de la SICAMA s’en verraient chamboulées de beaucoup. Passant de 47% à autour de 15%. Du côté de la Région, on intime qu’il est trop tôt pour parler de répartition des parts ne voulant visiblement pas froisser la SICAMA ni les planteurs. « Nous n’en sommes pas là, c’est une première approche et rencontre. Nous aurons six mois pour stabiliser », rassure-t-on à la Région.
De la canne bio, des sucres spéciaux, de la diplomatie et des millions d’euros
Et si la Région veut une minorité de blocage c’est parce qu’elle nourrit une vision alors hors de question de se mettre à la table pour faire de la figuration. La Région veut proposer « une nouvelle méthode ». La canne bio, les sucres spéciaux sont le dada de la collectivité qui en parle depuis quelques temps. Des produits à plus forte valeur ajoutée selon l’exécutif local qui a comme objectif d’atteindre dans les 5 prochaines années les 120 000 Tonnes de cannes et dit « souhaiter intégrer les planteurs au projet collectif ». Ne se cachant pas de largement participer à l’important plan de modernisation de l’usine qui se prépare à hauteur de 30 millions d’euros et ce grâce à des fonds Feder et Feader que la collectivité gère et à travers des aides régionales. La collectivité parle ainsi de nouveau modèle économique tourné vers la performance et « non plus sur le versement des subventions ou des dotations mais suppose une implication plus forte de la Région Guadeloupe dans les choix de l’entreprise ». C’est en tout cas une page importante qui est en train de se tourner à la SRMG et ceux qui auront droit à la parole devront mettre un sacré chèque ou jouer des alliances avec intelligence.