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Terre de Blues : certains professionnels en ressortent lessivés financièrement ou pas plus avancés

Terre de Blues : certains professionnels en ressortent lessivés financièrement ou pas plus avancés

Autour de 20 000 personnes en plus sur une île en 4 jours et pourtant, certains établissements de restauration ont souffert du manque de fréquentation. Scénario invraisemblable mais vrai. C’est le constat qui est fait par des professionnels, dont beaucoup à Saint-Louis et Capesterre. On continue le dossier bilan Terre de Blues.

Un restaurant qui avait tout parié sur le Terre de Blues pour se refaire a fermé ses portes une semaine après le festival. Cas extrême dû à sa fragilité préexistante mais d’autres restaurateurs qui sont pourtant des institutions expriment également leur mécontentement quant à la concentration des animations sur Grand-Bourg avec un podium d’animations qui a fonctionné toute la journée et un village d’artisans accolé. Deux points de concentration qui ont opéré comme des Dispositifs de concentration de Personnes, créant ainsi un public captif. Les importantes soirées, la VO et les Jimmy’s, sont également pointées du doigt. Mais d’abord voyons les témoignages de ceux qui n’ont pas du tout profité voire même ont perdu de l’argent pendant Terre de Blues.

Viande donnée au chenil, prix cassés pour écouler la production Terre de Blues, il y a de la casse chez certains professionnels… 

« Il est clair que le Terre de Blues devrait s’appeler le Terre de Blues de Grand-Bourg », indique un professionnel de Capesterre qui informe avoir fait un dimanche de Pentecôte ni moins bien ni mieux qu’un dimanche habituel. Dans la profession, il se dit qu’il y a eu « beaucoup d’investissements pour beaucoup de restaurants et établissements de nuit pour un retour insignifiant. Trop de concentration sur un seul endroit et deux grosses machines de guerre qui ne laissent rien aux Marie-Galantais dans les afters », peut-on lire dans certains commentaires. « Un peu l’impression de n’avoir que des miettes du festival », commente un autre professionnel de Capesterre. Mais… même à Grand-Bourg et sur la route du festival, certains ont eu des pertes considérables.

Grand-Bourg : Le Murat a donné 14 kilos d’entrecôtes décongelées au refuge pour chiens

« La prévision était de 100 repas par jour. Le restaurant en a sorti 30 et le meilleur jour (samedi), on a fait 50 couverts. 14 kgs d’entrecôtes ont été donnés au refuge », nous annonce Alvina du restaurant le Murat. « On a dû renvoyer la moitié voire les ¾ des boissons à notre fournisseur Sodipa qui a bien voulu reprendre la marchandise. Mais on a un stock inimaginable de rosés, de champagnes.

On avait prévu de faire une carte simplifiée avec un poisson, une viande, une entrée et un dessert, parce qu’au vu de l’affluence qu’on nous avait annoncée on n’était pas du tout en mode restauration habituelle. On a voulu faire quelque chose de rapide. Au final, les clients n’ont pas été contents parce que ce n’était pas la même cuisine qu’on proposait …donc on a également perdu de notre clientèle. Tout a été concentré sur Grand-Bourg avec énormément de foodtrucks et tous les stands de repas en ville et sur l’habitation Murat nous ont desservi. Egalement, les gens ne passaient vraiment pas devant le restaurant mais passaient plus loin donc on a n’a pas été visibles du tout. L’an prochain, si on doit rester ouverts pour Terre de Blues, on aura notre carte habituelle quoique simplifiée. On a une grosse perte financière où une bonne partie de notre trésorerie est partie dans Terre de Blues sans contrepartie. On a fait deux embauches pour l’occasion pour rien donc des charges patronales et salariales qui s’en suivent. Après le Covid, on avait réussi à se refaire une trésorerie et on la voit grapillée pour un festival qui n’a pas fonctionné»

Un bide total : Interdiction de vendre de l’alcool, concurrence des bars éphémères et horaires de début des concerts mal adaptés ?

Un autre restaurateur de Grand-Bourg parle lui aussi sans ambages. « Nous étions contents de pouvoir réorganiser des événements pour le festival car les années antérieures étaient très intéressantes financièrement. Cette année, après avoir acheté mon stock et prévu mes équipes de jour et de nuit ce qui représente un lourd investissement, 10 jours avant le début des festivités la gendarmerie et la police municipale m’ont annoncé que je n’avais plus le droit de servir d’alcool à partir de 3 heures du matin et une interdiction de bruit à partir de 5 heures sous peine de verbalisation. J’ai dû annuler tous mes after et la moitié de mon équipe avec laquelle je m’étais engagé personnellement. De plus comment autorise- t-on autant de food trucks, de bars et de restaurants éphémères venant de Guadeloupe sachant que nous sommes là à l’année pour satisfaire la population ? Sur certains axes, près d’une dizaine de bars éphémères avec chapiteau, glacières et roulottes », s’étonne-t-il.

« La programmation des débuts de concert à 18 h nous a empêché de travailler durant nos Before car les gens partaient tôt, et la fin des concerts en moyenne à 1h30 voire 2h du matin ne nous permettait pas d’ouvrir juste pour 1 heure !!!! Objectif de mon équipe, 15 personnes pour travailler. J’ai réduit à 5 personnes, pour conclure avec une rentrée d argent insignifiante : un bide total !!! », conclut-il.

Le boucher de Saint-Louis : plusieurs milliers d’euros perdus

À Boucherie Galante, quand on demande à Patrice Piqueur son bilan : il dessine instinctivement un zéro avec ses doigts. Mais il aurait tout aussi bien fait de mimer un signe MOINS car il l’affirme : ce sont plusieurs milliers d’euros de perte. « Sur Saint-Louis, c’était compliqué. Les gens voulaient du boudin et c’est tout. De ma part, il y avait beaucoup d’attente surtout en proposant des pièces à griller, des brochettes, en mode barbecue. J’ai dû casser les prix et offrir même des brochettes à des clients parce que nous on ne jette pas. Il me reste des stocks de saucisses et on essaie de finir les stocks de viande en ne dépassant pas les 3 semaines. Il me reste 80 saucisses à écouler en cassant les prix. L’an prochain, on ne va pas voir en grand, on va voir petit et s’il y a une demande on va essayer de produire à la journée et non à l’avance ».

La Poésie des Plats : des concerts qui se terminaient trop tard et trop de bars marrons

Lucie Seytor de la Poésie des Plats, bien placée à la sortie du château Murat et qui avait pourtant de l’ambiance dans son établissement n’en est pas satisfaite pour autant. « Ça n’a pas vraiment marché comme les autres années. Il y a eu du monde mais les gens ne consommaient pas. Nous on devait se positionner sur les afters mais malheureusement, les concerts de Murat finissaient à 1h du matin alors quand ils avaient fini, les gens rentraient chez eux fatigués. Par conséquent, je n’ai pas ressenti cette foule qui voulait vraiment consommer et venir fêter le Terre de Blues ». Pour la professionnelle, comme ont pu le faire remarquer d’autres, « il y avait trop de restaurants, de bars marrons parce que nous restaurateurs payons des charges. Quand on voit que pour deux –trois jours des gens montent des structures, ne paient pas de charges et font tout au noir, je ne suis pas d’accord avec tout ça alors il faudra revoir un peu le dispositif »

Problème structurel : les Basses, le secteur injoignable

Un restaurant des Basses qui a fait des dépenses afin de pouvoir répondre à la demande s’est retrouvé dans une drôle de situation. «On pensait se positionner sur les After. On a attendu les gens, le téléphone ne sonnait pas. Aux Basses, on a un problème de réseau portable. Les communications ne passent pas. Quand je rentrais chez moi à 3h30, messaj’ kon pomp’. Plus d’une dizaine de numéros différents et les gens n’ont pas le réflexe d’appeler sur le fixe. J’ai eu du monde c’est vrai mais je n’ai pas eu le monde que j’attendais ».

Un problème de proposition locale ?

Fabienne, une cliente mécontente

« On est allés dans un restau de plage situé à Saint-Louis mais il n’y avait plus à manger à 21h30. Nous sommes sortis de Grand-Bourg pour aller « donner la force » à Saint-Louis. Ce sont des bars qui sont trop proches et présentent aux clients les mêmes choses », commente-t-elle.

Peu d’établissements ouverts le mardi

Alors que les vacanciers ont parfois prolongé leur séjour pour éviter la cohue du lundi, Annick, restauratrice à Grand-Bourg, fait remonter son expérience. « Des gens qui avaient passé des coups de fil dans d’autres restaurants ont finalement atterri chez moi en me demandant si les gens de Marie-Galante ne faisaient pas à manger chez eux le mardi. Je les ai accueillis et heureusement il me restait des choses à leur proposer. J’ai pris note pour l’an prochain et je saurai quoi faire en tout cas », note-t-elle.

 

 

Beaucoup se questionnent également sur les conditions d’attribution des places sur le site de Murat. C’est une remarque qui est souvent revenue parmi certains restaurateurs qui ont voulu rester anonymes et n’ont pas réussi à se positionner sur le secteur très prisé de l’enceinte du château.

On va continuer ce dossier en essayant de savoir qui s’en est sorti. Il y a notamment un événement à surveiller qui risque de devenir au fil des années un rendez-vous incontournable du off du Terre de Blues. Il a commencé de façon discrète mais bien connectée. On va essayer de savoir un peu plus sur la recette du succès.

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