UPDATE : De nouveaux éléments sont apparus permettant d’apporter des rectificatifs à cette information. Il s’agit d’une tortue imbriquée et non d’une tortue verte. La photo prise est localisée à l’Anse Coq sur le territoire de la commune de Saint-Louis. La publication de cet article aura au moins servi à nous mettre en contact avec un témoin direct de cette découverte. Stay connected! Plus d’informations dans de prochaines publications.
Une photo qui circule sur les Whatsapp Marie-Galantais ce lundi 29 août provoque l’émoi! On y voit une tortue verte, tortue classée en danger d’extinction, renversée sur le dos, une femelle venue pondre sur le sable de cette plage située aux Galets, sur la côte sauvage de Marie-Galante à Capesterre. L’animal est attaché à l’aide d’une corde et déjà mort ou mourant. Le ou les braconniers ont peut-être été dérangés pendant leur méfait et ont dû abandonner le cadavre avant de venir le récupérer entre la prise de cette photo et l’arrivée sur les lieux ce lundi matin des services de l’ONF et d’Ecolambda, une amicale historique en charge de questions de protection de l’environnement.
« C’est la première fois qu’on a la preuve quasi-instantanée d’un braconnage »,
confie Gérard Portécop, Président d’Ecolambda. Ecolambda avait déjà dans les années 1990, sur la base de renseignements transmis aux forces de l’ordre, participé à appréhender un braconnier dont la voiture avait d’ailleurs été saisie. Du côté de l’ONF, l’Office National des Forêts, on souligne également le fait exceptionnel de cette preuve en image. « Habituellement, on entend des rumeurs, on a des soupçons mais là c’est avéré grâce à cette photo », souligne Patrick Sobera, fonctionnaire de l’ONF. Cette image est de source inconnue et on ne sait pas dans quel but elle a été prise.
De toute évidence, il s’agit d’une tortue verte, appréciée pour sa chair. La tortue imbriquée que l’on retrouve sur les côtes caraïbes de l’île a une chair toxique car elle consomme des éponges. De mémoire de Marie-Galantais interrogés, certains se souviennent que cela faisait partie des mets appréciés il y a encore une quarantaine voire une trentaine d’années. Seulement maintenant, la vente est interdite et ce type de sujets n’est pas abordé avec n’importe qui. En tentant de remonter la filière de la tortue verte, beaucoup nous ont répété : » on ne parle pas de ça au téléphone ». À souligner qu’il y aura vraisemblablement une enquête sur ces faits.
Il y a quelques rondes mais il faut également du renseignement
« Il y a eu trois week-ends de tournée anti-braconnage soit six ou sept tournées organisées sur la saison en juillet-août », nous précise Patrick Sobera. Mais il en faudrait plus. L’ONF conseille de signaler tout véhicule qui traîne dans les parages des plages le soir. Cela peut permettre d’identifier les responsables de braconnage car le plus important, c’est le renseignement afin de pouvoir déboucher sur du flagrant délit avec des éléments concrets.
150 000 euros d’amende, deux ans d’emprisonnement
Depuis 1991, l’animal est protégé en Guadeloupe et dans le reste du territoire national. Toutes les tortues marines le sont d’ailleurs. Les peines encourues en cas de non-respect de cette réglementation (l’arrêté ministériel du 14 octobre 2005), sont de 150 000 euros d’amende et deux ans d’emprisonnement (ART.L415-3 du Code de l’Environnement). Ce sont des peines maximales lourdes qui sont encourues dans divers cas de figure
La prédation opérée sur les oeufs de tortues est également punie par la loi ainsi que le fait de les déranger.
« Je rappelle également que les premières causes de destruction de ces espèces sont les engins de pêche inadaptés, les mauvaises pratiques de pêche, les sacs plastique, les cordages, la destruction des milieux », indique l’agent pour recontextualiser. Mais même si le braconnage apparaît comme marginal, le choc d’une telle photo en 2022 alors que l’espèce est protégée depuis des décennies et est menacée d’extinction, questionne. En l’occurence, il s’agit intentionnellement de tuer un animal menacé de disparition dans le seul but de consommer sa chair. Non par erreur de pêche ou de mauvaises pratiques. Quand on sait qu’il faut des centaines d’oeufs pour parvenir à pouvoir admirer un spécimen adulte, ces actes délictueux sont qualifiés de « criminels » par les défenseurs de ces animaux.