Jeudi 23 février, en mairie de Saint-Louis, était organisée une rencontre entre quelques socio-professionnels de Marie-Galante et le Président du Conseil Départemental. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ceux qui ont eu l’info en avaient gros sur la galette.
Après une première journée au pas de course en passant par Grand-Bourg puis Capesterre (articles à retrouver bientôt sur Foufougong), c’est à Saint-Louis que l’aréopage d’élus et de cadres s’est retrouvé en début de soirée. Après quelques prises de parole, il était temps de passer le micro aux socio-professionnels de l’île qui avaient été invités, environ une trentaine. Ils étaient visiblement décidés à parler vrai.
Deux professionnels ont pointé du doigt le prix du transport maritime qui grève les chiffres d’affaires des acteurs du tourisme et qui pénalise les personnes vulnérables qui doivent se rendre en Guadeloupe continentale pour se faire soigner le matin avant de redescendre après toute une journée à Bergevin. Sur cette question, le Président a rappelé qu’il s’agirait plutôt d’une interpellation qui concerne le Conseil Régional tout en parlant de la desserte aérienne. Le projet départemental qui concerne le développement de l’aérodrome des Basses (sujet abordé dans un autre article) pourrait, selon Guy Losbar, permettre d’offrir le choix aux Marie-Galantais d’être plus mobiles et de se rendre en journée en Guadeloupe continentale. Encore faudra-t-il que les tarifs de ces billets le permettent. Que nenni, le sujet a été ainsi évacué. S’en sont suivies des questions sur la difficulté à obtenir du foncier agricole ( Le Département étant le premier propriétaire foncier à Marie-Galante), sur l’appui aux entreprises locales présentes sur les activités agricoles, l’emploi local ainsi que le soutien aux associations.
Audry Colmar, éleveur bovin : « il y a un problème sur la gestion du foncier »
Les éleveurs ont besoin de terrain pour développer leur activité. Et il y a du terrain sauf qu’on a des difficultés à se voir attribuer des parcelles. L’an dernier, j’ai eu un soupçon d’espoir pour 8 hectares de terrain. Ça m’est passé sous le nez au profit de quelqu’un qui n’est même pas de Marie-Galante. C’est la croix et la bannière. On dit qu’on va aider les jeunes mais concrètement, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous si vous pouvez rectifier le tir par rapport à ça ce sera déjà bien. En 2025, la majorité des personnes qui soutiennent le projet de l’abattoir vont être proches de la retraite et à ce moment-là, il faut parier sur les jeunes.
Sur ce point, la Présidente de la Communauté de Communes de Marie-Galante, et 2ème vice-présidente du Conseil Départemental, le Dr Maryse Etzol, a rappelé la responsabilité d’une génération d’agriculteurs, titulaires de baux de location du Conseil Départemental, dans cette situation. Expliquant alors qu’ils refusaient de remettre ces terrains qu’ils exploitent tant bien que mal en vue de les transmettre à leurs enfants. Ces derniers ne les reprenant pas. Terrains qui échappent alors à une exploitation optimale et surtout aux jeunes agriculteurs qui eux se retrouvent sans terrain, nous dit-on.
Maëva Darin, FARIMAG, « ma mère a failli fermer il y a deux ans »
On entend beaucoup parler des aides à la canne. Que fait-on pour les autres filières ? Nous sommes dans un pays qui consomme du manioc et la majorité de la farine de manioc vient d’ailleurs. Nous devons financer nos tests sur les variétés de manioc que nous exploitons. N’y a-t-il pas des dispositifs prévus pour financer ça ? On a dû faire un prêt pour développer notre activité. Je suis revenue travailler avec ma maman car elle a failli fermer il y a deux ans.
Gisèle Pajot, association Souffle de Vie, « des associations de Guadeloupe obtiennent des financements et nous non »
On répond aux appels à projets. On est financés mais grand étonnement, on voit que les associations de la Guadeloupe continentale envahissent, viennent à Marie-Galante en faisant les mêmes demandes de financement qui nous sont parfois refusées et elles, elles ont le financement pour venir ici. On a l’habitude de faire des appels à projets, ce n’est pas une question de dossier incomplet. Depuis la période post-covid, on a rien compris pour Marie-Galante. L’argent de 2020, je l’ai obtenu en décembre 2022. On a un an de loyer impayé. On est en déficit à Marie-Galante et on constate que ce sont les autres qui se font financer des actions qu’on pourrait faire. Ce sont les mêmes actions. Ça ne m’aurait pas dérangé si c’était des actions différentes qu’on ne proposait pas mais là, non, s’insurge MMe Pajot.
Doudou Romain, BTP : « Il faut marie-galantaliser les marchés »
« Je suis dans le BTP. Il faut « marie-galantaliser » les marchés », dit le professionnel en indiquant qu’il invente un mot pour l’occasion. « Je vous mets au défi de trouver un Marie-Galantais qui a travaillé sur les chantiers que vous avez visités aujourd’hui, le port de Capesterre, le marché aux poissons. On se met presque à genoux pour avoir une sous-traitance et quand on l’obtient…Moi, ça fait 13 ans que M. Gaddarkhan me doit de l’argent, dit l’entrepreneur tout en donnant sa facture à voir à l’assemblée. « Il me dit qu’il n’a pas encore été payé. Je ne comprends pas….13 ans. Et ce n’est pas le seul. Tout cumulé, J’ai près de 100 000 euros dehors. Je dois nourrir ma famille. Sur d’autres chantiers c’est pareil. Je ne permettrai plus que ça se passe. J’ai un fils diplômé dans le BTP. On est ici, on doit manger aussi »
Sur ces interpellations dont certaines désespérées, Guy Losbar a indiqué que nul ne pourrait croire qu’il détient des réponses immédiates. Reste à voir comment ces remarques, questions et prises de position claires vont être prises en compte par les services. Ce sont bien sûr des morceaux choisis. D’autres sujets tels que l’abattoir, Grand-Bassin et bien d ‘autres ont été abordés. Ils feront l’objet de sujets traités à part.