L’édition 2022 du World Creole Music Festival de la Dominique s’est achevée le 31 au petit matin. Depuis le 28 octobre, de nombreux artistes venus de toute la Caraïbe se sont réunis au Windsor Stadium de Roseau. La principale tête d’affiche était toutefois le Nigérian Burna Boy autour duquel il y a eu beaucoup de questionnement sur la venue déjà, puis sur ses caprices, sur les conséquences de sa présence dans la programmation. Etait-ce bien créole? se sont questionnés certains. Quoiqu’il en soit, en terme de scène et de retombées médiatiques, la présence d’une telle star internationale a sans doute été bénéfique au festival. Notre compte-rendu ne sera pas exhaustif. Pour notre première édition du WCMF pour Foufougong, nous avons choisi de vous proposer quelques morceaux choisis pour vous donner quelques échantillons des moments qui ont attiré notre attention par leur caractère insolite et qui relève de la narration. On commence par la soirée du vendredi 28 octobre.
DAY 1: L’humoriste guyanais Rodman, comme prix d’un concours de dancehall queens
Tout a commencé quand Shenseea, la princesse de la scène dancehall s’est lancée dans un concours de danse jamaïcaine en invitant quatre jeunes femmes qui se sont portées volontaires à effectuer une chorégraphie sur un classique endiablé sur scène. La gagnante remportait – et ça on ne l’a appris qu’une fois le concours terminé par la Toronto-based dominican Khadeeja – de pouvoir choisir n’importe quel homme dans le public pour « danser » avec lui. Entraînée par une Shenseea survoltée et plus décidée que jamais à ce qu’elle choisisse un Alpha du pack, Khadeeja a scruté la foule telle un épervier prêt à fondre sur sa proie. Influencée par la foule qui pointait du doigt, Khadeeja se range à l’avis de Shenseea qui parle du « Man Inna the pinky », la proie portant un polo rose que son entourage désignait. L’humoriste et influenceur digital Ronald Claire, alias Rodman, aura encore de quoi alimenter ses réseaux puisqu’en montant, il n’a pas non plus laissé Shenseea indifférente lâchant un « they say French Guyanese guys are strong…stay away from me Giant » dans un sourire non dissimulé.
Et les autres têtes d’affiche
Cette nuit là, parmi les plus gros artistes à performer, il y avait également Kes the band et Sizzla. Deux sets complètement différents avec un Sizzla annonçant une troisième guerre mondiale à cause des richesses de l’Afrique et Kes dans un style plus uptempo et en apparence beaucoup plus léger mais qui en l’analysant avec attention a offert une performance d’une excellente tenue en une heure chronométrée, précise et riche en messages. Kes, c’est un peu le Montessori de la musique caribéenne dans un total package de visage d’ange et de corps de rêve (Foufougong est à peine fan). Toutefois, il était simple en tant que fan d’être déçue au début par l’enchaînement à la file de morceaux rapides. Sentiment heureusement vite remplacé par la satisfaction de le voir installer une connexion avec le public tout en technicité musicale, en partage et en légèreté.
DAY 2 : Jocelyne Béroard fait de la résistance sur scène
La reine du Zouk a illuminé la soirée de samedi. Et dire que l’organisation lui avait demandé en plein show d’abréger. Elle a alors continué sa performance effectuant son heure de prestation. Et heureusement, déjà que Burna Boy ne s’est pas produit comme prévu, il aurait été dommage d’amputer le show. La prestation de Jocelyne Béroard a commencé à 22h20 samedi au Windsor Park Stadium. La Reine du Zouk a alors enchaîné des hits Zouk Béton qu’on connaît si bien comme Difé, puis on passe du béton à Siwo… Mais vers 22h59, l’artiste nous annonce une nouvelle plutôt aigre : « on me demande d’abréger » avant de nous dire qu’il lui est impossible de ne pas chanter les autres chansons prévues. Il y a « Ké sa lévé… » c’est clair que ça aurait été un crime de lèse-Jocelyne de ne pas la laisser performer puis le concert continue comme un acte de résistance. « Et la prochaine chanson que je ne peux pas enlever non plus parce que c’est la première fois que je me produis devant vous depuis qu’il est parti », introduit-elle en complicité avec le public. On comprend bien sûr qu’il s’agit de Jacob Desvarieux avant d’entonner « Siw pa la, an ki jan ???? » qui résonne comme une image parfaite de la situation. Puis commencent ensuite les paroles « Soley’ ki ka kléré »…dont on retient la phrase « Moune ki pèd’ on zanmi … »
Jocelyne fait plus fort que Diana Ross
La première fois que Foufougong a vu une Diva annoncer qu’on lui demandait de couper son set c’était en 2007 au Tobago Jazz Festival. Et il s’agissait de Diana Ross qui venait de faire un énième changement de robe. Ce qui l’avait évidemment beaucoup vexée. Et pour cause. Je me souviens encore de l’article : « Diana Ross cut short at Tobago Jazz Festival » ou quelque chose d’approchant avec une photo de la superstar en habit de lumière. Ça avait fait une page d’article. C’est vous dire! La raison: Mary J Blige qui arrivait par avion privé spécialement pour chanter puis repartir pour un autre rendez-vous à New-York si je me souviens bien, n’avait qu’une fenêtre de chant réduite. Ah ben Diana Ross avait dû abréger. L’histoire retiendra que Jocelyne, elle, a continué. « Kay manman la tè ké tramblé » achève le set à 23h17. Tonnè!!! Une heure de spectacle. À noter que Burna Boy ne s’est pas produit sur scène ce soir là alors que tous les arrangements avaient été faits pour que lui, sa famille et son équipe puissent être présents à la date prévue a affirmé le directeur du Tourisme, Colin Piper. Malheureusement, parmi ceux qui étaient venus pour le voir certains repartiront le dimanche ne pouvant modifier leur billet.
DAY 3 : Admiral T abrège son show mais prend le temps de faire un bain de foule impressionnant et Patrice Roberts coupée dans son élan par Burna Boy
Mi Bacchanaaaaaal!
Lors de la dernière soirée du World Créole Music Festival de la Dominique, ce 30 octobre 2022, Admiral T s’est produit au Windsor Stadium en 40 mn chrono. Une durée restreinte sans doute due, selon les nos informations, au fait que Burna Boy devait se produire également finalement ce soir-là. L’artiste Nigérian ayant raté son rendez-vous avec le public la soirée précédente, il a été reprogrammé à dimanche.
Patrice Roberts gets Burnt by Burna Boy
Quant à la Trinidadienne Patrice Roberts, elle aura de quoi se souvenir de cette nuit à la Dominique. Déjà sur scène, elle devra en descendre pour laisser la place à Burna Boy, désireux de passer à sa place. Toutefois, même si elle a obtempéré à contre-coeur, l’artiste Nigérian a pris une heure pour sortir de sa voiture, sous les yeux circonspects de certains membres de la foule VIP. Tout ça pour se terminer par un concert de Patrice Roberts aux environs des 5h du matin et une princesse de la Soca, remontée et bien décidée à parler à coeur ouvert. « Si on m’avait donné 3 millions de dollars pour me produire, je serais au moins venue », dit-elle en référence à l’absence la veille du Roi de l’Afrobeat à sa date programmée. Patrice Roberts a ainsi écourté son set. Retour sur cette partie de la soirée en vidéo…
Comme d’habitude lors de ces rendez-vous culturels, il y a toujours des rebondissements tels que ceux-ci. C’est ce qui fait le sel des festivals, sinon ce ne serait qu’un enchaînement de concerts comme on peut en voir dans toute la Caraïbe. On espère bien revenir l’an prochain à la Dominique pour en parler. Cet événement est le premier qu’on couvre hors de Marie-Galante et on espère bien que ce ne sera pas le dernier car il y a tant d’événements à connaître et à regarder différemment autour de nous. Alors à bientôt.
Ah tiens, dans quelle destination caribéenne et à quelle occasion souhaiteriez-vous que Foufougong se rende pour vous rendre compte des événements ?
Vous pouvez mettre en commentaires 🙂
